
Les nuits Bas Nylon filent toujours aussi bien à Paris
Cette institution s’abat avec talent sur les nuits parisiennes depuis 2011. Avec le renouveau de la culture du cabaret, l’iconique soirée faisait le plein hier dans un Club Paradisio bondé.
Oui, le cabaret est très tendance. La réouverture de Madame Arthur a fait pour beaucoup en proposant des spectacles de plus en plus travaillés. Puis vient Le Secret, l’excellent lieu underground de Jérôme Marin, qui a ramené cette culture dans une démarche moins mainstream. Car, depuis l’arrivée de Ru Paul Drag Race en France, les spectacles de Drag sont légion pour le meilleur et parfois pour le pire. (Il faut se réjouir que même des spectacles très vulgaires et affreusement stéréotypés soient queer, c’est une belle avancée pour nos combats pour une société plus égalitaire.)
Rien de mauvais dans ce cabaret “Bas Nylon” aux fils tissés avec précision. La troupe est dirigée par Jean Biche depuis ses débuts. C’est lui qui ouvre le show, le corps totalement peint en squelette, une image de ville défilant derrière lui en noir et blanc. Il sort les plumes. C’est d’un coup tout chic. Mais il ne faudrait pas que le beau l’emporte. L’idée est de rire, et de rire du pire. C’est même le mantra de cette soirée : “faire pire”.
Jean Biche tente vite de faire oublier son talent monstre en envoyant vannes sur vannes. La “Patronne of the lieu” prévient : “c’est une soirée dont vous allez avoir honte”.
“Si vous avez faim, prennez de la drogue’
Les numéros se succèdent dans un show de cabaret à la structure classique, mais au contenu complétement décalé. Les numéros font feu de tout bois. Une roue de la fortune communiste qui chasse les riches en projetant le visage de Robert Hue, on avoue, on adore ! Tous et toutes sont plus brillante.s les un.es que les autres. Angèle Micaux est monstrueusement talentueuse en grizzli fétiche (oui oui..), La Napoléon est sexy en diable, Sara Selma Dolorès est “féministement” à hurler de rire. Il faut citer les excellent.e.s Sophie Helard (en strip-tease communiste), les jongleries cochonnes d’Edgar Falzar.
Tous les numéros sont précis. Ils sont drôles, dérangeants, érotiques, mais jamais vulgaires, jamais faciles. La dose de boulot pour nous faire rire (beaucoup) est impressionnante. En montrant des créatures et des transformistes sans jamais se poser la question de leur genre, Les nuits du Bas Nylon sont politiques. Elles dézooment, font exploser les carcans. Au son de “Girlfriend” de Doris D. & The Pins le trio disco de Jean Biche, Angèle Micaux et Sophie Helard en body très échancré années 80 en est la preuve. Ils/ elles sont toute.s les trois mises à égalité dans leur numéro bien foutraque !
Bref, surveillez le calendrier du Club Paradisio, la soirée revient tous les mois. Et oui, chère madame Jean Biche “on est jamais trop pédé”.
Visuel : ABN