Théâtre
Lucie Bérélowitsch sur-prend son poste au CDN de Vire par une création tendre et grisante.

Lucie Bérélowitsch sur-prend son poste au CDN de Vire par une création tendre et grisante.

07 March 2019 | PAR David Rofé-Sarfati

Lucie Bérélowitsch prend son poste comme directrice du Centre Dramatique National de Vire Normandie en janvier 2019. Avec Rien ne se passe jamais comme prévu présenté au public le 2 Mars elle ouvre de très belle façon un mandat prometteur.  

 

En Juin 2018 est annoncé le nom de la future directrice du Préau, CDN de Vire Normandie: Lucie Bérélowitsch, artiste soutenue par le Trident – Scène Nationale de Cherbourg-Octeville, et artiste coopératrice au Théâtre de l’Union – CDN de Limoges; elle fait partie alors du collectif d’artistes de la Comédie de Caen – CDN de Normandie. Le 1er janvier 2019,  la comédienne et metteuse en scène de 40 ans prend la succession de Pauline Sales et de Vincent Garanger. Lucie Bérélowitsch est une normande. Sa compagnie est basée au Havre depuis 10 ans. Elle fut artiste associée à la Comédie de Caen, collabora régulièrement avec des structures basées dans l’Eure, présenta au Préau son adaptation du  Lucrèce Borgia de Victor Hugo. Pauline Sales co directrice depuis 2009 de ce lieu devenu entre-temps Centre Dramatique National, est auteure d’une quinzaine de pièces  et termine son mandat en présentant, une pièce écrite et mise en scène par elle  J’ai bien fait ? un chef d’oeuvre d’écriture qui oblige sa successeure.

Lucie Bérélowitsch a été formée au Conservatoire de Moscou et à l’Ecole de Chaillot. Son théâtre a infusé son histoire personnelle dont son lien avec la Russie. Elle a mis en scène L’Histoire du Soldat de Stravinsky et Ramuz, Morphine de Boulgakov, Le Gars de Marina Tsvetaïeva avec Vladimir Pankov. Son Lucrèce Borgia de cinéma avec Marina Hands, à l’Athénée,  la propulse dans la cour des grands. Puis vient son fabuleux et inoubliable Antigone créé avec les Dakh Daughters à Kiev,  immédiatement après la révolution de Maïdan et enfin Un soir chez Victor H; cette pièce bluffante inspirée des séances de spiritisme de la famille Hugo à Jersey voit son premier acte joué hors les murs en théâtre de rue. Sur le plan international, Lucie Bérélowitsch a été membre du Lincoln Center, Director’s Lab à New York, elle a également été appelée pour des créations à Montréal, St-Pétersburg, ainsi qu’en Géorgie.

Vire hérite ainsi d’un immense talent, une merveilleuse artiste aidée par une équipe enthousiaste autour de Sébastien Juilliard directeur adjoint. Généreux et festif, son projet artistique et culturel pour le Théâtre du Préau, s’appuie sur un important collectif d’artistes : la metteure en scène Tiphaine Raffier, dont elle accompagnera la prochaine création en 2020 et  trois jeunes comédiens permanents  nouvellement recrutés au sein  des écoles supérieures d’art dramatique;  elle souhaite ouvrir le Festival ADO sur l’Europe, en proposant des échanges avec des scènes européennes, et investir des lieux patrimoniaux normands comme autant de scènes de théâtre, dans le cadre des projets d’itinérance du Pôle National de Ressources du spectacle vivant en milieu rural (PNR).

Lucie Bérélowitsch démarre sa saison à Vire avec Rien ne se passe jamais comme prévu, un conte musical adapté de L’Oiseau de feu  judicieusement défendu par la chanteuse et comédienne Camélia Jordana. Des contes russes de son enfance, Lucie Bérélowitsch. conservent l’âme slave bien sûr, sa mélancolie souriante, sa religiosité,  et son ésotérisme. Elle y emprunte l’écriture du mythe qui la captive de puis toujours lorsque celui ci  invente et expose la porosité des mondes adverses, celui du merveilleux et du banal, celui des disparus et celui des vivants.  S’inspirant de plusieurs récits,  elle nous transporte dans un village enclavé au sein duquel vit une famille qui possède un pommier. La famille s’organise autour de  cette unique richesse, de cette richesse unique  : un pommier aux fruits d’or, dernier arbre dans un monde où la végétation n’a plus sa place et d’où les oiseaux ont disparu. Un jour, les pommes sont volées. Jonas le fils aîné affirme connaître le voleur. C’est l’Oiseau de feu. Tandis que nul ne le croit, tandis que lui reviennent en mémoire les contes de son enfance, les mots de sa mère disparue, le jeune  homme part à la chasse au mystérieux animal. Il s’aventure au-delà des possibles jusqu’à une forêt interdite dans laquelle il rencontrera une fille-forêt. Durant ce voyage initiatique  Jonas explorera la délicate question de la fusion-séparation propre à l’adolescence et du toujours renouvelé arbitrage entre différenciation et identification, en un mot il traversera la tâche  de chacun à se dépatouiller de son origine. En filigrane, l’actuel de la créance écologique  et de l’anxieuse fin du monde. 

Lucie Berelowitch riche de sa double origine entre Russie et Normandie  offre toute sa force créatrice dans une magnifique production qui s’ajoute en une innovante dimension à son oeuvre. Sa scénographie est intime et hollywoodienne. Elle est l’artiste de la césure. Nous retrouvons sa patte dans la création de la déréalisation onirique, dans cette maîtrise du rythme, dans son génie des coupures entre réel et imaginaire, entre réalité et rêve, entre texte et chansons.  Certains tableaux sont hypnotiques, l’expérience du spectateur consiste en un émerveillement soutenu ponctué par des moments de grâce. La metteuse en scène coud les deux versants du spectacle et de son propos avec le fil qu’on lui connaissait déjà, celui d’une tendre générosité, et d’une discrète gentillesse qui fonde son geste. 

Ajoutons que Camélia Jordana n’est que charme, que Jenna Thiam est un ange et  Niels Schneider un séraphin; proclamons que Marina Keltchewsky est une diva. La pièce peut être vue par tous les âges et plusieurs fois, elle est magnifique et s’y empile plusieurs strates d’interprétation  à découvrir.  

 

 

 

Création 2019 Le Préau CDN de Normandie – Vire

Scénographie : Hélène Jourdan
Costumes : Pauline Kieffer
Création sonore : Sylvain Jacques
Création lumière et régie générale : François Fauvel
Création vidéo : Yann Philippe et Baptiste Klein
Conseil chorégraphique : Marion Lévy

lien de réservation

 

2 MARS 2019 | 20H30
Le Préau – CDN de Normandie-Vire
5 MARS 2019 | 19H
L’Eclat (Pont-Audemer)
8 MARS 2019 | 20H
L’Arsenal (Val de Reuil)
12 MARS 2019 | 20H
Théâtre de Choisy le Roi – scène conventionnée
pour la diversité linguistique
15 MARS 2019 | 20H
Le Rayon Vert (Saint-Valéry-en-Caux)
19 ET 21 MARS 2019 | 14H15
20 MARS 2019 | 19H
Le Théâtre des Salins – Scène Nationale
de Martigues
26 MARS 2019 | 20H
Dieppe Scène Nationale

Crédit Photo © Simon Gosselin

Infos pratiques

Théatre de Lisieux
Théâtre de l’Escabeau
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