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“Les séparables”, l’amour sans frein de Melquiot et Demarcy-Mota est gratuit au Théâtre de la Ville

“Les séparables”, l’amour sans frein de Melquiot et Demarcy-Mota est gratuit au Théâtre de la Ville

01 July 2020 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Il y a eu la Veillée et maintenant il y a Un été solidaire. Normalement, un 1er juillet, les théâtres ferment, ils sont tous à Avignon en train d’attendre la folle effervescence du Festival. Alors, le Théâtre de la Ville a décidé de rester ouvert et gratuit pour les soignants et les moins de 14 ans. Et ça commence aujourd’hui avec le superbe Les Séparables.

Il y a Romain et il y a Saba. Mais ça on ne le sait pas encore. Pour l’instant, il y a un panneau sur lequel passent des nuages orageux. Puis il y a elle, Céline Carrère qui regarde par la fenêtre, et il y a lui, Stéphane Krähenbühl qui regarde par la fenêtre. Et pour l’instant, ils ne se parlent pas, ils monologuent et observent. Alors on en apprend un peu plus sur chacun. Saba est née en France, elle est d’origine algérienne. Les parents de Romain sont très amoureux mais aussi très racistes. Ils parlent de Saba et de ses parents comme “des gris”, et ce n’est pas quelques makrouds qui vont leur faire quitter le champ absurde du racisme. On comprend qu’ils habitent une tour, et qu’elle est au bord d’un bois. On sait désormais qu’ils ont tous les deux 9 ans, qu’elle aime les indiens et lui les chevaux. Bref, qu’ils se ressemblent beaucoup.

C’est donc l’histoire de deux enfants dans un monde de grands. Et tout les dépasse, à commencer par ce décor tout en vidéo qui permet à un cerf mort de reposer en paix, à un ascenseur de monter à toute vitesse et à un bison blanc de traverser avec assurance. La création vidéo de Mike Guermyet n’a rien ni de figuratif ni de gadget, elle donne au texte de Fabrice Melquiot et à la direction d’Emmanuel Demarcy-Mota une épaisseur tragique.

Ce n’est pas juste une amourette entre deux gosses, c’est la société coincée dans des cerveaux trop étroits qui mène au pire. La violence est renforcée par les mots des enfants qui eux voient, rêvent, et se perdent dans un imaginaire sans bornes.   

Le duo se connaît par cœur, il fait partie de la Troupe du Théâtre de la Ville, et le ping-pong se fait très naturellement. Ils ont 9 ans, un jour 20, et tout semble passer en une seconde. 

Un presque Roméo et Juliette d’aujourd’hui qui tente de garder un peu de son âme d’enfant dans les bois et de ne pas céder aux craintes des grands, celles qui font dire le pire, celles qui font fuir.

Les Séparables se donne deux fois par jour aux Abbesses jusqu’au 4 juillet et il y a d’autres spectacles tout public tout l’été. Autre bonne nouvelle, la gratuité pour les moins de 14 ans se poursuivra toute l’année. Et tout cela dans le respect des mesures sanitaires, évidemment !

Du 1er au 4 juillet, à 15h ou 19h, durée 1H. À partir de 7 ans.

Visuel : ©Théâtre de la Ville

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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