Musique
La Philharmonie consacre trois soirées à la trilogie Qatsi : les films du réalisateur Godfrey Reggio sur des musiques de Philip Glass

La Philharmonie consacre trois soirées à la trilogie Qatsi : les films du réalisateur Godfrey Reggio sur des musiques de Philip Glass

07 December 2019 | PAR Didier Duplenne

Vendredi 6 décembre, la Philharmonie de Paris ouvrait, avec Koyaanisqatsi, une série de 3 ciné-concerts consacrée à la trilogie de films réalisés entre 1982 et 2002 par Godfrey Reggio. C’est Philip Glass qui en signe la musique, ce sera sa première, et le début d’un importante production (Mishima, Kundun, The Hours..). Le compositeur avait déjà été à l’honneur en mai de cette année puisque Passages y avait été joué. Cette fois c’est le Philip Glass Ensemble, dirigé par son chef historique depuis 1974 : Michael Riesman.

Entre documentaire et poème symphonique, ce film impressionniste allie images et musique, sans parole ni sous-titre, pour expliciter son propos : l’humanité, usant et abusant de ses ressources, court à sa perte. Le titre du film est un mot de la langue Hopi (une des nations indiennes) qui signifie : ‘‘La vie en déséquilibre’’. Le film commence sur de merveilleuses images lentes ou au ralenti de grands paysages américains intouchés (Monument Valley…), de cieux éternels, de rivières sauvages ; puis peu à peu surgissent des paysages urbains et industriels où avions, autoroutes, usines, foules d’anonymes troublent ce qui semblait être éternel. Là où les futuristes célébraient la magie et la beauté des inventions modernes, des villes et de l’électricité, Godfrey Reggio nous met en garde contre la folie de la surconsommation, de notre monde condamné à produire pour détruire, puis produire encore à un rythme de plus en plus effréné, comme ces images de plus en plus rapides.

La musique de Philip Glass, très puissante, est bien plus qu’une illustration puisque les deux artistes ont travaillé en parallèle lors du montage, chacun influençant l’autre. Claviers, vents et voix exécutent des boucles musicales courtes répétées avec d’infimes variations, qui sont un peu la marque de fabrique du compositeur, très représentatives de son style du début des années 80. Glass a le génie, en quelques notes suspendues de susciter l’inquiétude, la tension, puis en quelques mesures, accélérant et saturant l’espace sonore, de nous étourdir. Pas vraiment de mélodie, plutôt une matière sonore, claire ou sombre, transparente ou opaque, assez ensorcelante.

Godfrey a presque inventé un genre : comme il y a l’opéra-rock, on peut parler ici de cérémonie filmique où méditation et transe visuelle et sonore emporte le spectateur. Alors qu’il fut moine dans sa jeunesse, puis militant pour des causes caritatives, il a, par le medium du cinéma, trouvé un outil et une arme pour défendre sa cause. Koyaanisqatsi reste, 37 ans après sa sortie, magnifique dans sa forme, intense et totalement pertinent sur le fond.

Un seul bémol sur ce principe de ciné-concert : la salle, telle qu’elle est conçue ne permet pas de faire le noir complet, c’est dommage pour la projection du film, et l’écran est quand même un peu petit pour que le film ait son impact maximal.

Il nous tarde d’être à demain pour Powaqqatsi, le deuxième volet.

Réservations ici.

Visuel : ©W. Beaucardet

 

 

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