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« Vis-à-Vis » : les détenus montent sur scène au Théâtre Paris Villette

« Vis-à-Vis » : les détenus montent sur scène au Théâtre Paris Villette

26 January 2016 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pendant deux jours, les 29 et 30 janvier, le Théâtre Paris Villette propose de donner à voir la restitution de spectacles créés par des détenus issus de cinq prisons. Une rencontre entre l’intérieur et l’extérieur qui fait de cet événement un acte artistique unique et extrêmement politique en plein Etat d’Urgence.

Il y deux ans, nous avions rencontré Valérie Dassonville. On prend aujourd’hui de ses nouvelles. Elle va bien et se dit heureuse d’avoir amorcé et touché assez prés à ce qu’avec Adrien de van, co-directeur du Théâtre Paris Villette nous voulions faire. En 2013 elle nous confiait : travailler dans des endroits spécifiques comme le milieu hospitalier ou carcéral n’isole pas une problématique. Ce qui m’intéresse, c’est que la parole artistique ait la possibilité de maintenir les uns et les autres dans un récit collectif.

Donc, et c’est une première, cinq établissements pénitentiaires d’Île-de-France, sept compagnies et artistes indépendants et les personnes détenues ayant participé aux différents projets, se réuniront pour présenter huit créations (théâtre, oratorio, arts plastiques, cinéma, pièce radiophonique, photographies).

Elle raconte : Avant j’avais une compagnie en co-direction Le théâtre du menteur. On travaillait dans les hôpitaux et dans les prisons. Lorsque j’ai été nommée au Théâtre Paris Villette, je menais des projets avec la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, j’ai demandé à ma compagnie de poursuivre. On a ouvert en décembre 2013 et en mars 2014 on a monté un premier projet ensemble impliquant le théâtre du menteur, la compagnie Les héroïnes modernes qui travaille avec les femmes du centre social dans le XIXe et la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.

La methode de création est la preuve que l’impossible n’existe pas. C’est une construction par correspondance. Les deux metteuses en scène ont travaillé sur les mêmes thématiques de fond et de forme, les metteuses en scène se sont rencontrées mais pas les détenus et les femmes du centre social qui se sont vu pour la première fois sur le plateau le matin de la représentation.

Elle ajoute : Ce que l’on montre ce weekend au TPV ce sont des formes éphémères. Certains ne verront jamais ce qui sera montré car, il  y a les détenus qui ont vu une version à la prison et qui ne peuvent pas sortir. C’est un miracle que ça puisse avoir lieu de la façon dont cela est créé.

Il y a cette idée à chaque fois idée de créer des formes singulières, uniques, et d’une immense fragilité. Hier j’ai vu le spectacle qui ouvre ces deux jours De concert ! c’est une lecture musicale réalisée par la Maison d’arrêt de Fleury Mérogis, le Théâtre du Menteur et l’Orchestre Divertimento.

C’est la première fois qu’un projet de cet ampleur a lieu puisque cinq établissements sont parties prenantes. Les détenus vont donc partager leurs permissions. Pour Valerie Dassonville il était fondamental que ce travail porte auprès du grand public.. En plein état d’urgence, trois établissements ont laissé sortir les détenus, pour le quatrième, le Parquet a évoqué l’Etat d’Urgence pour bloquer le processus de sortie. Cet établissement ne laissant pas sortir de détenus, le spectacle sera joué avec d’ancien détenus, ce qui est fort en terme d’implication.

Chaque projet est différent, cela peut  être des co-écritures  entre les détenus et un auteurs, une adaptation de texte tel que Morphine ou Notre Tempête qui sera une réécriture de Shakespeare, Cesaire et des textes écrits par les détenus.

PROGRAMME
Vendredi 29 janvier
18h30 : « De Concert ! » (lecture musicale) : Maison d’arrêt de Fleury Mérogis / Théâtre du Menteur / Orchestre
Divertimento
20h00 : « Hors ligne » (théâtre) : Maison d’arrêt de Seine St Denis / Compagnie le Dahu / La parole errante
Samedi 30 janvier 2016
15h00 : « Notre tempête ou le théâtre est un sport d’équipe » (lecture) : Centre pénitentiaire sud francilien /
L’Indicible compagnie
16h30 : « Morphine » (théâtre) : Centre Pénitentiaire sud francilien / Théâtre de l’Estrade
19h00 : « L’Illiade, chant premier » (théâtre) : Centre pénitentiaire Meaux-Chauconin / Compagnie TRAMA
Installations permanentes
« Autoportraits en attente » (exposition, projection) : Maison d’arrêt de Fleury Mérogis / Théâtre du Menteur
« Tous ceux qui tombent » (pièce radiophonique) : Centre pénitentiaire sud francilien / L’Indicible compagnie
« Poissard n°3 : Mémoires » (exposition) : Maison Centrale de Poissy / Laetitia Tura + bar Floréal.photographies

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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