Théâtre
Une nouvelle génération à l’Essaïon, une tragédie grecque jubilatoire

Une nouvelle génération à l’Essaïon, une tragédie grecque jubilatoire

13 January 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Victor Dekyvere rassemble 6 comédiens formidables pour raconter l’histoire tragi-comique de Philémon, le  prince du royaume Musical à la mère très envahissante.  Entre relations incestueuses, mise en scène inventive et jeu dynamique, Une nouvelle génération est un moment de théâtre réjouissant.

Dés la naissance, ça déconne. Le père meurt, la mère en veut au nouveau né d’avoir transformé son corps de femme. En grandissant, cela ne s’arrange pas. A 20 ans, Philémon a tout : «  des putes à 15h », un beau père aux ordres demandant au jeune homme s’il souhaite «  fouetter son corps de nouveau riche » ? Philémon en a marre de l’abondance, il cherche la réalité. Un jour il rencontre la jeune fille parfaite, Baucis, « une pute à frange » dit sa mère. Tout sera fait pour séparer les amoureux dans des jeux pervers allant toujours plus loin en sadisme.

La mise en scène ingénieuse propose des moments parlés dans le noir où l’on entend des témoignages sonores  sur le thème «c’était mieux avant», et des paroles des comédiens restés sur le plateau. L’utilisation de la vidéo est pertinente, illustrant une scène d’amour avec humour et décalage.  Victor Dekyvere tente rapidement une expérience qui gagnerait à être développée, celle de laisser les comédiens statiques derrière leur texte qui défile sur le mur.

On rit aux éclats face aux costumes travaillés et au jeu formidable des comédiens. Soutenue par des effets musicaux surprenant et des fumigènes futuristes  cette tragédie grecque  détourne le thème classique d’Ovide du couple «Philémon et Baucis» à qui Zeus offre l’amour éternel. Ici les tourtereaux sont face à un parcours semé d’embûches qui mixerait plus Œdipe et Médée réunis.

Le spectacle interroge la relation parents-enfants remise à plat par Mai 68. Fini l’emploi à portée de main et le sexe dans crainte du Sida. De nombreux dialogues posent des questions justes sur la famille. La mère harangue le fils «  tu crois que ça m’amuse de te voir enfant dans un corps d’adulte! » , et les parents donnent leur enfant à garder au jeune couple.

Si le sujet se dessinant en filigrane est plutôt grave, le jeu ironique des comédiens et les moments de délires antiques version contemporaine  font de cette pièce un rendez vous théâtral à prendre sans hésitation en janvier à l’Essaion et en juillet à Avignon

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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