Spectacles
Un week-end au Moulin de l’Hydre

Un week-end au Moulin de l’Hydre

11 September 2022 | PAR Julia Wahl

 

Petite virée en Normandie ce week-end à Saint-Jean d’Entremont, où la compagnie le K ouvrait pour la première fois ses murs au public.

Une fabrique théâtrale collective et écologique

“Ses” murs, ce sont ceux d’une ancienne filature fonctionnant grâce à un moulin à eau, le Moulin de l’Hydre. Deux très beaux corps de logis à l’abandon, recouverts de lierre, agrémentés d’un bel espace extérieur que sept copains ont acheté collectivement voilà un an pour en faire une fabrique théâtrale. Au bout de cette année, à force de bricolages et menuiseries en tout genre, les sept amis, aidés d’autres membres de la troupe et de voisins immédiats, ont achevé d’en rendre une partie habitable. C’est donc dans ce lieu à l’histoire particulière que la compagnie le K, dirigée par Simon Falguières (voir interview ici), propose un week-end de spectacles, orientés autour du conte et du merveilleux (Petit Poucet), de l’humour (L’Attrape-nigauds ou Ricardo et les ténèbres) ou deux heures de cette grande épopée accueillie – et remarquée – à Avignon cet été, Le Nid de cendres (voir ici la critique de Toute la culture).

Les spectateurs et badauds sont accueillis dès le début de l’après-midi. Participation aux frais à prix libre, vin, bière et café, un terrain où poser sa tente et une ratatouille le soir : tout est à disposition pour faciliter cette journée théâtrale.

Non loin des tentes, des tomates et salades, qui sans doute ont vu leurs frères et sœurs composer notre repas, affirment la velléité autosuffisante du lieu : les plantes du potager servent à la consommation des sept camarades – le club des Sept, comme les appellent leurs partenaires –, qui ont par ailleurs comme ambition de réhabiliter, d’ici quelques années, le moulin, afin d’être autonomes sur le plan énergétique.

Une programmation poétique et humoristique

Le marathon théâtral qui nous attend est composé de quatre spectacles écrits et dirigés par la troupe. Une troupe à géométrie variable : au noyau dur de sept copains rencontrés dans des squats d’artistes s’agrègent selon les spectacles des camarades issus du Cours Florent. Car c’est dans le cadre de sa célèbre classe libre qu’a commencé à émerger le projet du Nid de cendres, qui fédère depuis huit ans cette bande de potes. Une épopée de treize heures, qui mêle les esthétiques, avec des moments ancrés dans un univers réalistes tandis que d’autres nous emmènent clairement du côté du conte.

La programmation qui nous est proposée s’inscrit en effet sous le signe de la diversité, qui nous fait passer d’un seul en scène (Ricardo et les ténèbres, joué et mis en scène par Louis de Villers) à une pièce réunissant une petite vingtaine d’acteurs, Le Nid de cendres, ou met en scène diverses techniques théâtrales, mêlant le théâtre d’acteurs à la marionnette et à l’ombre (Petit Poucet).  

Des points de convergence également, notamment la place centrale accordée à la culture populaire, qu’il s’agisse de l’univers du conte, évidemment au centre du Petit Poucet, mais aussi grande source d’inspiration du Nid de cendres, ou des héros comme Tintin et Buffalo Bill dont Ricardo et les ténèbres explore les postures virilistes et coloniales. L’humour, aussi, qui accompagne les dimensions satiriques des différents spectacles et la création de certains personnages. Notons enfin un important travail scénographique avec le moulin lui-même : des personnages surgissent de fenêtres brisées, lesquelles scintillent d’une lumière stroboscopique…

Pour se détendre et se rencontrer, la journée s’est clôturée sur un concert suivi d’un bal. Avec, surtout, l’idée de recommencer, le projet étant, comme nous la confié le metteur en scène Simon Falguières, d’organiser des festivals à partir des prochains étés.

 

Visuels : compagnie le K, Julia Wahl

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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