Théâtre
[LIVE REPORT] Un Macbeth aux décors de géants

[LIVE REPORT] Un Macbeth aux décors de géants

30 May 2013 | PAR Fatima-Ezzahrae Touilila

Le bois de Dasle, au Pays de Montbéliard, c’est le bien  modeste décor qu’a choisi Jacques Livchine pour monter et faire jouer son interprétation du chef d’oeuvre maudit de Shakespeare, dans le cadre du festival Green Days,organisé par MA scène nationale de Montbéliard.

 

22h00, 10 degrés, Bois de Dasle, pays de Montbéliard, les spectateurs arborent fièrement leur kit de survie, couvertures chaudes et whisky, la pâle lumière des quelques lampes frontales, balaye un sol encore boueux, mal remis des incessantes averses de la veille.  Encore quelques minutes à attendre qu’il fasse  parfaitement noir, et nous voilà partis pour un “voyage au bout de la nuit”.

Notre guide et conteur pour ce périple, (rocambolesque Hervée De Lafond) regrette les trombes de pluie qui les avaient honorés la veille, “ce n’est pas très écossais  tout ça”, avant de nous entraîner au cœur d’une forêt majestueuse, impénétrable sous le hululement des chouettes et les chants écossais, qui jaillissent des ténèbres avant d’y retomber.

Le branchage craquelle sous nos pieds, probablement déjà à moitié engloutis dans la boue, et que personne n’ose regarder, nous enfonçant , sans lumière aucune, dans le bois de plus en plus inquiétant. Un cri strident, des rires malveillants, et puis plus rien. Et puis si, un feu, une torche, deux, éclairant deux visages, ceux des sorcières qui annoncent au général Macbeth  réfugié derrière un arbre auprès de son ami Banquo qu’il sera roi et sans héritier. Avant de dessiner sur le feuillage un  cercle de feu satanique dans lequel elles jettent les deux comédiens, avant de disparaître dans la nuit. Pour cela aucun trucage n’est requis, la nuit infiniment  ténébreuse, réduit considérablement notre champ de vision.

C’est ainsi que débute l’interprétation, du chef d’oeuvre shakespearien maudit, par la troupe du Théâtre de l’Unité, en pleine forêt et en pleine nuit, sans autre artifice que les flammes vacillantes des torches et des chandelles, sans autre installation que celle du temps, quatre arbres centenaires semblent attendre là depuis toujours pour encadrer le jeu des acteurs, le creux d’un arbre mort  déposé au croisement des diagonales, par quelque lutin prévoyant, est là pour accueillir les lamentations d’un  Macbeth torturé en proie à d’interminables interrogations.

Nous déambulons ainsi de lieux en lieux, au fil des cinq actes,  promenant nos tabourets, aux aguets, une lumière, un son, un personnage qui se fraye un chemin parmi la centaine de spectateurs de l’extrême que nous formons, on s’installe, on s’enfonce. Les acteurs continuent de surgir de tous cotés, le roi qu’on égorge au fin fond du bois, corps de pendu que l’on découvre au gré d’une innocente promenade. Une appropriation  de l’espace  inédite qui éclaire la pièce d’une lueur de réalisme oublié. Mais à défaut d’irradier ces somptueux décors au rythme des envolées  tragiques, des tirades angoissées et obsédantes d’une Lady Macbeth dont “tous les parfums d’Arabie ne rendraient [encore] suave la petite main”  à jamais ensanglantée, ou d’un Macbeth, tyran déchaîné,  impitoyable, halluciné  dont le sommeil est condamné, l’interprétation est incertaine, hésitante. La pièce est prisonnière d’un entre-deux inconfortable, tiraillée entre bouffonnerie et tragédie, d’une actualité douteuse car soulignée avec un peu trop de véhémence. Les acteurs, en face d’un véritable défi, celui de se faire entendre, l’acoustique du bois de Dasle, étant moins confortable que celle d’une salle normée, l’ont, dira-t-on relevé de manière très irrégulière. Leurs performances furent  loin de soulever l’extase dans une nuit sans lune, laissant un gout d’amertume, au vu des lumières et encore une fois du décor qui aurait pu nous transporter dans une aventure intemporelle, exploration des ténèbres de la nuit et de l’âme humaine, la forêt  à l’instar de la haine, dans le texte de Shakespeare aurait “accouché d’un chef d’oeuvre parfait”.  Au lieu de cela, nous nous retrouvons à applaudir une vision à la fois désabusée et manichéenne de “M le Maudit”, et à défaut d’être convaincus, nous nous réchauffons autour de quelques bouteilles de scotch, un léger sourire aux lèvres, convaincus que Jacques Livchine tient là son “eurêka”, que la timide  chenille deviendra un beau jour  sublissime papillon.

Informations pratiques:
 
 Prochaines dates :

Pays de  Montbéliard, bois de Dasle: le 30 et 31 mai 2013,à 22h00
Mulhouse  scènes de rue : 18, 19, 20 juillet 2013
Wolfenskirchen , la Sarre à contes : 26 et 27 juillet 2013
Lons le Saunier , scènes du Jura :  16 , 17, 18 octobre 2013
Seyssinnet Pariset : (38) : 5 avril 2014
Gradignan (33) : 1, 2, 3 mai  2014
Oloron Ste Marie  (64) :  6 et 7 mai 2014

Visuel: (c) photos prises pendant le report

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Fatima-Ezzahrae Touilila

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