Théâtre
Rituel pour une métamorphose, une pièce arabe au Français

Rituel pour une métamorphose, une pièce arabe au Français

29 May 2013 | PAR Christophe Candoni

Pour la première entrée au répertoire de la Comédie-Française d’un texte dramatique écrit en langue arabe, Rituel pour une métamorphose de l’auteur syrien Saadallah Wannous est une pièce engagée et subversive dans laquelle la femme d’un notable choisit de devenir courtisane et ébranle l’ordre établi selon des principes de domination masculine.

Le plateau de la salle Richelieu prend la belle apparence d’un palais doré digne des mille et une nuits pour accueillir pour la première fois de son histoire une pièce de théâtre syrienne créée symboliquement avant Paris au bord de la Méditerranée à Marseille, l’actuelle capitale européenne de la culture. L’action se passe au milieu du XIXe siècle à Damas présentée comme une ville qui plie sous le joug des intégrismes et des conformismes hypocrites défendus avec une autorité inflexible par le Mufti, interprété avec raideur par Thierry Hancisse. L’auteur bouscule en interrogeant les rapports troubles au pouvoir, au plaisir, au désir interdit qui rend coupable, à la moralité, à la religion, à la liberté, prônant une impossible transgression dans un contexte d’oppression et de tabous.

Abdallah et Mou’mina déclenchent une remise en cause d’un système dont ils seront les victimes martyrs. Lui entame sa chute alors qu’il est pris en flagrant délire d’adultère avec la prostituée Warda (Sylvia Bergé), elle, sa femme, finira exécutée. Les personnages laissent interrogatifs mais sont bien défendus par Denis Podalydès et Julie Sicard, des interprètes d’une grande justesse. A l’exception du couple central qu’ils forment, les personnages paraissent moins complexes qu’ils ne sont écrits. En cause, un jeu poussif, presque caricatural lorsqu’il est par exemple question de relations homosexuelles (les manières appuyées du travesti Soumsom – Louis Arène -, le traitement peu crédible du personnage d’Afsah – Nâzim Boudjenah – qui change de sexe par amour pour Abbas – Elliot Jenicot – qui le rejette). Dans la mise en scène pas toujours subtile de Sulayman Al-Bassam, la portée politique et critique de la pièce ne fait pas le poids en se trouvant étonnamment tirée vers une étrange féerie burlesque qui évite malheureusement un rapport au réel net qui ferait autrement entendre la peu rassurante contemporanéité du propos.

© Cosimo Mirco Magliocca

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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