Théâtre
“Rabah Robert Touche ailleurs que là où tu es né”, Lazare brouille les langages

“Rabah Robert Touche ailleurs que là où tu es né”, Lazare brouille les langages

06 February 2014 | PAR Amelie Blaustein Niddam

L’auteur le plus original du moment, Lazare clôt avec Rabah Robert Touche ailleurs que là où tu es né sa trilogie composée de Avec Passé-je ne sais où, qui revient (2008) et Au pied du mur sans porte (2011). Un spectacle rempli sur les affres des chocs de mémoires.

[rating=3]

Lazare invente une nouvelle langue. Elle est musicale et rythmée. Elle est parfois incompréhensible, fatigante et étouffante. Lazare met sur le plateau sa troupe, une dizaine d’interprètes tous comédiens-danseurs-chanteurs, qu’il presse à mort. Tiens, la mort, voici le mot clé ici. Il y a LA mort proche, celle du père “moins je le vois, plus il existe” et il y a LES morts proches, ceux de la Guerre d’Algérie.

Dans un décor fourre-tout où  l’on croise une forêt, un bar, un train et des miroirs dédoublant, la famille rêve ou cauchemarde plutôt, chacun pour soi. Il y a des gestes à la Stanislas Nordey qui a été l’enseignant de Lazare et des chants qui viennent se référer aussi bien à la chanson française qui “rrroule les rrr” des années cinquante qu’aux chants révolutionnaires puissants.

On entre comme dans une hallucination dont on ne peut s’échapper dans l’inconscient de cette famille : la mère (Anne Baudoux), Libellule le fils (Mourad Musset (oui, le chanteur de La rue Ketanou ), Ouistiti la sœur (Bénédicte Le Lamer) et l’autre sœur (Bianca Lannuzi), partent à la recherche de l’histoire du père, né Rabah, renommé Robert, chacun dans sa bulle, chacun dans son rythme. Dans leurs pérégrinations folles, on croise des banquiers qui transforment Libellule en mouton et qui se transforment eux-mêmes en clowns (à noter la performance hilarante de Julien Lacroix en obèse gras).

Dans ce conte la vérité est cachée, entre les arbres, entre les wagons. Les histoires et les temporalités se croisent pour dire un récit dont étonnamment, on arrive à la fin à retisser le fil perdu. On reproche à Rabah Robert de déborder. Bien sûr, cela ne peut pas vraiment être autrement. Comment parler de l’exil, de l’immigration, du secret sans explosions. Les guitares, les hurlements, les percussions se font légion.

Mais trop c’est trop, la proposition se répète et s’essouffle dans un spectacle qui n’arrive pas à se terminer, signalant au final 2h20 au lieu de 1H50 annoncées, signe malencontreux d’une logorrhée qui par essence ne peut s’arrêter que l’on soit là ou pas.

Visuel : ©

Hélène Bozzi

Dates
[30 jan., 4, 6, 11, 13 fév. à 19h30]
[31 jan., 1er, 5, 7, 8, 12, 14, 15 février à 20h30] bus
[2, 9 fév. à 15h]

Infos pratiques

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Théâtre le Funambule
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