Théâtre
Penthésilé.e.s – Amazonomachie : une pièce troublement manquée

Penthésilé.e.s – Amazonomachie : une pièce troublement manquée

16 July 2021 | PAR La Rédaction

Penthésilé.e.s – Amazonomachie était présenté au Festival d’Avignon, un spectacle de Laëtitia Guédon marqué par la figure féminine, incarnée ici par une Lorry Hardel charismatique. Le public a eu l’air d’apprécier mais nous n’avons pas été tout à fait convaincus par cette revisite du mythe.

 

Par Rizlaine Fertat

 

Laëtitia Guédon est une metteuse en scène engagée, touchante dans ses combats féministes. On peut croire pleinement en sa sincérité dans cette belligérance, mais l’on peut également regretter parfois un manque de profondeur, ou même de puissance dans ce texte commandé auprès de Marie Dilasser. Sa nouvelle création était inaugurée pour le Festival d’Avignon à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.

Dénoncer les dérives patriarcales

Dans un univers matriarcal, Penthésilée, la reine des Amazones, rencontre Achille, un homme représentant par définition « l’ennemi », cherchant sa rédemption auprès de cette dernière. Penthésilée est représentée par une femme gironde noire, assumant sa rébellion, sa féminité et son modernisme. Certes, elle représente La femme voire les femmes d’hier et d’aujourd’hui (pas de demain, nous l’espérons). On y retrouve le cheval de bataille de la metteuse en scène, prônant un monde dirigé par les femmes en dénonçant les dérives patriarcales. On peut y retrouver des clins d’œil à Me too, au mouvement Body Positive, ou encore une tirade de violences subies par les femmes et les non genrés.
Ce texte ne nous a pas captivés dans cet enjeu et il reste en surface, pas de prise de risque. On s’attend à plus de puissance et à moins de clichés.

Des éléments qui peinent à nous happer

La comédienne Lorry Hardel est très charismatique et mérite le déplacement, mais seule à déclamer devant le public, le rendu reste encore une fois léger. On sent la volonté de la metteuse en scène d’allier plusieurs disciplines, de chercher l’esthétisme à défaut de la profondeur : la femme nous faisant entendre le katajjaq, son « chant de gorge inuit », souvent très strident – le quatuor de chants lyriques –, (la respiration de cette mise en scène étouffante) et une scénographie très sombre dans ce hammam qui symbolise la féminité à son paroxysme ; mais tous ces éléments peinent à nous happer dans ces luttes féministes et non genrées.
On regrette donc que les ambitions de la metteuse en scène, bien que méritantes, ne soient pas assez approfondies.
Nous noterons cependant la standing ovation du public d’Avignonnais ce jour-là, non partagée.

 

Texte de Marie Dilasser, mise en scène Laetitia Guédon, avec Seydou Boro, Marie-Pascale Dubé, Lorry Hardel, Sonia Bonny, Juliette Boudet, Myriam Jarmache, Lucile Pouthier (chœur)

Spectacle vu le lundi 12 juillet à 16 heures à La Chartreuse, à Villeneuve-lès-Avignon.
Durée : 1h40.
Tournée : CDN de Normandie à la Comédie de Caen du 30 novembre au 2 décembre 2021 à 20 heures.

Visuel : © Christophe Raynaud de Lage/Festival d’Avignon

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