Théâtre

Oh les beaux jours, la rencontre des monuments

02 October 2010 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Beckett, Wilson, Adriana Asti. La tête tourne face à ces trois noms. Wilson connait Beckett, il l’a rencontré au début des années 70 alors qu’il présentait « Lettre à la reine Victoria ». Les deux hommes font un travail si proche que Wilson s’interdit de “monter du Beckett”. Il a fallu attendre que Beckett meurt en 19 89, que Wilson ait 70 ans , pour qu’en 2010 le théâtre de l’Athénée accueille « Oh les beaux jours », cette farce tragique sur la vieillesse portée par la muse de Visconti, Adriana Asti. Plus qu’un chef d’œuvre, « Oh les beaux jours » par Wilson, pour Adriana Asti est un monument. A voir avec respect et humilité jusqu’au 9 octobre.

Comme dans toutes les pièces de Beckett ,la scénographie est dictée. Chaque mouvement de visage, chaque souffle, chaque silence est écrit. Une pièce de Beckett, comme les mises en scène de Wilson, est dictée par le rythme. « Oh les beaux jours » est une pièce sur l’immobilité mobile. Winnie est une femme sénescente , elle est au somment d’un monticule-volcan dont elle est prisonnière. Seule le haut de son corps surnage. En bas, loin, mort ou presque, son mari Willie lui donne quelques sons pour réplique. Winnie organise son bonheur chaque jour en créant un rituel de maquillage et d’hygiène qui lui permette de dire chaque jour…Oh, le beau jour !

La mise en scène de Wilson atteint la perfection absolue. Derrière la motte de Winnie , un panneau est le théâtre d’une lumière vive, blanche, changeante, tantôt sombre ou grise. Où le soleil se lève, se couche, où le temps circule. Adriana Asti a les cheveux d’un blond platine cinématographique et le visage extrêmement blanc. Giovanni Battista Storti joue du silence du texte par le mime. Ce couple sur la fin de leur vie dit une tragédie : la mort est là , et pourtant, on rit sans cesse.

Par une création visuelle propre à sa grammaire de la lumière , Wilson respecte au plus prés le texte en incitant l’ironie. Face à cette situation absurde d’une femme bloquée, le mouvement vient uniquement de la lumière au point que le décor semble avancer. La mobilité se glisse aussi dans les silences et dans les attitudes des comédiens.

Beckett par Wilson, l’évidence.

Jusqu’au samedi 9 octobre , mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, relâche les lundis et dimanches. Matinées exceptionnelles dimanche 3 octobre à 16h et samedi 9 octobre à 15h. Théâtre de l’Athénée, square de l’Opéra Louis Jouvet, 7 rue Boudreau, 75009 Paris, M. Aubert/ Opera, de 30 à13 €, -de 30 ans jour j de 15 à 11 €.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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