Théâtre

MurMure: la comedie burlesque sur le conflit israélo-palestinien susurre les maux de l’absurde

27 November 2009 | PAR Amelie Blaustein Niddam

BON PLAN : La boite à sorties et Confluences vous permettent de gagner vos places pour le spectacle. Chaque semaine jusqu’au 13 décembre, Les 5 premiers à appeler le 01 40  24 16  46 remporteront 2 invitations chacun.

A l’origine du spectacle MurMure, il y a une journaliste israélienne, Amira Hass, qui en 2004 entre en contact avec un prisonnier palestinien Mahmoud Al Safadi, grâce à un téléphone introduit en prison. La fille de déporté, communiste, vivant à Ramallah, et lui, lisant Raoul Hilberg, se parleront tous les jours pendant cinq mois. Les auteurs et metteurs en scène Ariel Cypel et Gaël Chaillat en ont fait une comédie burlesque sur le conflit israélo-palestinien où vous croiserez sur le grand plateau de Confluences jusqu’au 13 décembre un Mickey négationniste, Ariel Sharon en clown et Freud en conseiller téléphonique. On vous a dit…burlesque !

Raconter, le clown et comédien Gaël Chaillat, hallucinant sur scène sait faire, alors, là, dans le grand hall de l’espace Confluences , il redevient acteur quand il nous raconte comment il s’est retrouvé en caleçon dans l’aéroport de Lod face à la sécurité israélienne, mais aussi comment les jolies filles de Tel Aviv ne s’intéressent pas à Ramallah, et quand Ariel Cypel décrit des situations c’est l’auteur, fou de détails et passionné qui se révèle en nous livrant comment lors du casting pour le projet de faire la pièce dans les trois langues, il a rencontré une cinéaste dont le père a été le geôlier de Mahmoud..Mais au tout début, il y a une rencontre avec Amira Hass, « presque un hasard » nous confie Ariel Cypel. « L’objet de notre travail est de faire le lien entre le réel et le théâtre depuis plusieurs années. Amira était de passage à Paris, elle nous a accordé 10 minutes. Nous avons appris qu’elle était entrain de faire un livre d’interview d’un détenu. C’était parti : Nous avions un dialogue, deux personnages, un drame. On lui a dit «  avec ça nous  on fait un spectacle, et on va faire une comédie ». Une comédie dans les pas de Lubitch et Chaplin.

Amira Hass et Mahmoud Al-Safadi, au Théâtre de la Colline, à Paris, travaillant au texte de " MurMure ". PHILIPPE BRAULT/ŒIL PUBLIC POUR " LE MONDE "
Amira Hass et Mahmoud Al-Safadi, au Théâtre de la Colline, à Paris, travaillant au texte de " MurMure ". PHILIPPE BRAULT/ŒIL PUBLIC POUR " LE MONDE "

Un mois après leur première rencontre, Amira Hass accepte avec réticence de revoir les deux auteurs, réticence balayée après un café à Jérusalem et un grand ménage dans l’appartement d’Amira à Ramallah. Une fois les limites posées ne pas transformer leur relation en histoire d’amour et ne pas comparer la Shoah et les territoires occupés . Elle leur lit ses échanges téléphoniques et épistolaires avec Mahmoud. Ne pas comparer demande Amira, mais nous dit Gaël Chaillat , elle ne peut pas s’ en empêcher.

Alors, les auteurs ont rempli MurMure d’allusions franches, mais clownesques, à la Shoah, partie intégrante de l’identité d’Amira Hass. Le spectacle condamne largement le négationnisme palestinien, sous la figure d’un hilarant puis terrifiant mickey négationniste faisant référence aux émissions de télé palestiniennes. Le regard franc, Ariel Cypel réajuste “Pour nous ce n’est pas au centre du spectacle, c’est là que l’on doit arriver. (…). Amira est une enfant de rescapé, elle y pense tout le temps. Quand elle voit un vieillard attendre au check point en plein soleil, face à une jeune soldate, qui si elle était sa petite fille lui apporterait de l’eau, ça la rend malade, elle sait que le soldat n’est pas un nazi mais elle ne supporte pas que des petits enfants de refugiés fassent attendre des vieillards.”

Ariel Cypel s’enflamme, lui qui a amené Marcel Ophuls à l’école de cinéma de Sderot devant une salle de lycéens qui ne connaissaient pas le nom du nazi Albert Speer «  il y a l’ignorance (…). Raoul Hilberg n’est pas traduit en hébreu pour des raisons idéologiques. On ne le trouve qu’en anglais. C’est la question de l’ignorance qui est posée dans Mur Mure. La pièce n’est construite qu’autour d’histoires vraies.

Murmure

Une fois notre riche rencontre terminée, Ariel Cypel nous a raconté une dernière anecdote. Dans la pièce « M » expose que le négationnisme ne sert pas la cause palestinienne. Dans la vraie vie c’est Mahmoud Al Safadi qui écrit une lettre à Ahmadinejad. La Lettre est publiée dans le Monde et placardée dans les toilettes du théâtre, au milieu d’une multitude d’autres articles. Ce sera le seul papier qui sera arraché…

MurMure dérange, titille là où ça fait mal, mais pour cela, Karen Ramage, Philippe Smith, Sabrina Baldassarra, Stéphane Shoukroun, Clément Victor, Gaël Chaillat, Ariel Cypel , comédiens hors pairs, vous emmènent en voyage au pays du burlesque où la musique est live, l’écriture parfaite et la mise en scène brillante.

 

Du 18 novembre au 13 decembre, du mardi au samedi à 21h et le dimanche à 17h, à  Confluences, 190 bd de Charonne, 75020 Paris, M Philipe Auguste, 13 euros, 01 40  24 16  46

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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