Théâtre
“Martyr” : Matthieu Roy met en scène la crise mystique et extrémiste d’un ado christique

“Martyr” : Matthieu Roy met en scène la crise mystique et extrémiste d’un ado christique

12 October 2014 | PAR Audrey Chaix

Adolescent, Benjamin est pris d’une crise mystique : il ne lâche plus la Bible qu’il cite à tour de bras, que ce soit pour être dispensé des cours de natation parce qu’il estime que les filles ne sont pas assez vêtues ou pour contester l’enseignement de la théorie de l’évolution lors des cours de biologie. Autour de lui, sa mère est persuadée qu’il se drogue, le principal aurait vite fait d’approuver les élucubrations de Benjamin, son camarade de classe infirme l’admire… seule la prof de biologie essaie de lutter contre le radicalisme du garçon en lui proposant une discussion sur son propre terrain.

Pour mettre en scène cette crise mystique qui perturbe tout l’entourage du jeune homme, Matthieu Roy a choisi la simplicité : sur le plateau, une estrade grise et un fond de scène fait de verre poli, un bloc pour figurer une table de salle à manger, un bureau ou un autel. Un décor très neutre qui permet de transformer très rapidement l’espace en piscine, en salle de classe ou salle à manger, ou en cour de récré. La sonorisation des voix permet également de jouer sur ces ambiances : ça résonne dans la piscine ou dans l’église, l’atmosphère est plus feutrée dans le salon, nul besoin de changement de décor pour que le spectateur prenne rapidement ses marques.

Clément Bertani est impressionnant dans le rôle de l’adolescent qui se pose peu à peu en martyr alors que les adultes ne parviennent pas à lui tenir tête. Pour mettre en scène la spirale dans laquelle s’enferme le jeune homme, Matthieu Roy a choisi un rythme soutenu avec des scènes très courtes (27 scènes s’enchaînent pendant la petite heure et demie que dure la pièce), interprétées par des comédiens très en forme, mais qui malheureusement en font parfois trop.

C’est d’ailleurs ce qui nous a paru être le péché de cette mise en scène, les effets de manche trop ostentatoires. Car Martyr, de Mayenburg, est un texte bien plus subtil que voudrait bien nous le faire croire Matthieu Roy, qui joue de la sonorisation et de la lumière aussi bien que des excès de ses personnages pour aller un peu trop loin dans la caricature. La matière est là pour livrer une puissante réflexion sur la force de l’endoctrinement : dommage que le texte soit étouffé par une mise en scène si présente.

Photos : © Jean-Louis Fernandez

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