Théâtre
Drôle de “JEU”, pour les enfants à l’imagination en ébullition

Drôle de “JEU”, pour les enfants à l’imagination en ébullition

10 January 2020 | PAR Mathieu Dochtermann

Durant les fêtes, le Théâtre Lepic (Paris 18) a programmé un spectacle de marionnettes jeune public, joli et pas niais, intitulé JEU. Fruit du travail de la compagnie A Kan La Dérive, spécialement du metteur en scène Anthony Diaz, le spectacle propose d’embarquer dans l’imaginaire d’un jeune garçon un peu trop rêveur, confronté à son premier jour d’école. Une belle métaphore de la différence, servie par de très belles images.

On associe souvent la marionnette au jeune public: or, si en faire une généralité est un tort, il arrive effectivement souvent que les marionnettistes parviennent à écrire de très beaux spectacles pour l’enfance. C’est le cas de ce JEU, qui déploie un bel imaginaire autour d’un petit garçon, Basile, confronté à son premier jour d’école, et aux attentes de deux adultes, son père et le professeur des écoles.

Le spectacle, qu’on peut recommander à partir de 4 ou 5 ans, est presque purement visuel: le langage employé conviendra à tous les enfants. Les protagonistes sont figurés par des masques associés à divers accessoires figurant le corps. Tantôt, Basile est à échelle réelle, le masque étant complété par deux gants blancs enfilés par un marionnettiste, parfois une paire de baskets; tantôt le corps de Basile est réduit à trois fois rien, le masque à l’aplomb d’une main dont le majeur et l’index servent à figurer ses jambes. Les changements d’échelle et le caractère abstrait du corps, qui demande à pouvoir recomposer mentalement les éléments qui manquent, est propre à stimuler l’imaginaire des spectateurs.

Cela tombe bien, car c’est d’imaginaire qu’il s’agit justement ici. Les rêveries éveillées de Basile font sans cesse irruption dans son quotidien, jusqu’à troubler la ligne de partage entre ce qui est inventé et ce qui est réellement vécu. Toutes les situations sont l’occasion pour l’enfant de s’évader, de recomposer le monde dans des tableaux fantasmagoriques joliment exécutés.

Les accessoires sont économes en effets, et le dispositif de scène très ingénieux est fait de cubes qui servent de table de manipulation en même temps que de décor quand ils pivotent pour révéler leurs flancs peints. Les deux marionnettistes travaillent très bien ensemble, sans se gêner, avec un beau sens du rythme. Ils savent parfaitement s’effacer pour mettre en valeur la marionnette et jouer avec l’attention des spectateurs. Le jeu est précis, les mouvements doux.

Evidemment, in fine, l’enfant dépasse les obstacles – métaphorisés par l’ascension d’une montagne – et le père comprend qu’il doit rentrer dans le jeu du fils pour ne pas être coincé dans une posture antagoniste. C’est attendu, mais ce n’est pas inapproprié, et l’ensemble de la dramaturgie, suffisamment simple pour être suivie par de jeunes enfants, n’est pas bêtifiante pour autant.

En somme, un joli spectacle, bien fait et bien exécuté, que les enfants comme les parents prendront plaisir à suivre, d’autant plus que la technique du théâtre noir permet un ou deux “effets” un peu “magiques” qui éblouissent littéralement les jeunes spectateurs.

A retrouver samedi 11 et dimanche 12 janvier 2020 au Théâtre Lepic, Paris (75). Puis le dimanche 8 mars 2020 à Le Temps des Cerises (dans le cadre du Festival MARTO !), à Issy-les-Moulineaux (92).

 

 

 

Mise en scène, écriture, construction, scénographie : Anthony Diaz
Dramaturgie : Amel Banaïssa
Jeu, manipulation : Anastasia Puppis et Vincent Varène
Composition musique : Alice Huc
Scénographie, construction décor : Grégoire Chombard

Visuel: (c) Anthony Diaz

Okawachiyama, le village secret de la porcelaine
Piano, virtuosité et saveurs russes pour l’ONPL
Avatar photo
Mathieu Dochtermann
Passionné de spectacle vivant, sous toutes ses formes, des théâtres de marionnettes en particulier, du cirque et des arts de la rue également, et du théâtre de comédiens encore, malgré tout. Pratique le clown, un peu, le conte, encore plus, le théâtre, toujours, le rire, souvent. Critère central d'un bon spectacle: celui qui émeut, qui touche la chose sensible au fond de la poitrine. Le reste, c'est du bavardage. Facebook: https://www.facebook.com/matdochtermann

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration