Théâtre
Love me tender, Guillaume Vincent met les couples en miroir au Théâtre des Bouffes du Nord

Love me tender, Guillaume Vincent met les couples en miroir au Théâtre des Bouffes du Nord

27 September 2018 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Il y a longtemps, fort fort longtemps, Robert Altman avait capturé les Short Cuts de Raymond Carver. Fort fort longtemps plus tard le metteur en scène Guillaume Vincent fait siens ces découpages autour du couple sous fond de traversée américaine.

[rating=4]

Dès la première image on reconnaît ce qu’il y a de meilleur chez Guillaume Vincent : une accumulation de petites choses kitsch et un immense rideau bleu pailleté. Les éléments sont clairs ! Nous sommes à Noël si on en croit le petit sapin qui clignote et les quelques guirlandes. Ce qui n’est pas clair c’est qu’il y a un peu trop de canapés dans ce salon. Nous comprendrons vite que tout le fil conducteur de ce spectacle est justement de mettre côte à côte sans vraiment les mélanger des tranches de vie finalement banales pour les entrechoquer.

Love me tender est un mix intelligent de plusieurs nouvelles du romancier américain : Tais-toi je t’en prie ; Pourquoi l’Alaska ; La peau du personnage ; “Personne ne disait rien” (du recueil Tais-toi je t’en prie) ; “Appelle si tu as besoin” (du recueil Qu’est-ce que vous voulez voir) ; “Débranchés” (du recueil Les trois roses jaunes). Guillaume Vincent en tire deux grands actes : le premier est une scène de réveillon et l’autre une scène de chambre.

Emilie Incerti Formentini, Victoire Goupil, Florence Janas, Cyril Metzger, Alexandre Michel, Philippe Smith, Kyoko Takenaka et Charles-Henri Wolff campent deux par deux des amoureux sur le fil de la fin. Entre un réveillon défoncé d’un côté et une intrusion flippante de l’autre, Vincent dessine à la perfection ces scènes de la vie conjugale.

On retrouve la dose de fantastique que Guillaume Vincent avait amené dans le très lynchien La Nuit Tombe mais aussi le glamour de Second Woman qui mettait en opéra Opening Nigth de Cassavetes.

La direction d’acteur est ici très fine dans un jeu en équilibre qui adopte en tout point la langue directe et un peu surréaliste de Raymond Carver. On rit au surgissement de phrases comme des sentences : ” Hey ! Il y avait des snickers dans le sac !” qui disent comment remplir une relation devenue coquille vide. On rit moins et on adore quand le rideau se lève vers un monde totalement féerique. Comme toujours Vincent flirte avec les plateaux de cinéma, sans écran, avec une dose de lenteur chic tellement séduisante.

Visuel : © Elizabeth Carrechio

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