Les femmes de Barbe Bleue au Lavoir Moderne Parisien
Déjà jouée l’année dernière cette pièce prend encore plus d’intérêt à l’heure où dans les actualités nous entendons encore plus parler de féminicides. Une pièce qui se joue du 27 novembre au 1er décembre 2019 au Lavoir Moderne Parisien et qui nous glace le sang autant qu’elle nous fait rire, on en ressort pas indemne c’est un choc qui nous touche tous.
5 chaises face à nous en premier plan toute différentes, d’un style différent avec ce qui semble être du plastique par dessus.
Une femme qui s’avance devant nous en robe rouge et en talon rouge, timide, elle nous raconte la soirée qui est en train de se dérouler chez elle, c’est une grande fête, mais elle, ne fait que penser à une clé. Elle nous raconte que c’est son mari qui lui a donné avant de partir de la maison lui interdisant de s’en servir pour ouvrir la porte dans l’entre-sol… Mais la curiosité la gagne, une curiosité comme un désir à assouvir absolument et qui peut être mortel à l’ouverture de cette fameuse porte, le cabinet de Barbe Bleue…
Ce désir si fort si intense d’utiliser cette clé est ce qui rassemble ces 4 femmes sauvagement tuées qui arrivent face à nous sous une lumière bleu fantasque en train de danser tout en boitant ou en se tortillant sur le sol comme des mortes… Elles s’assoient ensuite sur ces fameuses chaises qui n’ont pas quitté la scène, 4 femmes toutes différentes mais toute habillées d’une couleur bleue et qui vont nous raconter leur histoire d’amour avec cet homme et cette clé de la tentation …
Entre l’humour et la violence, les scènes sont jouées avec un réalisme cru qui nous fait suffoquer tellement les rebondissement émotionnels font des loopings dans notre corps. A des moments il ne faut pas rire mais les scènes de violences qu’ont subi ces femmes sont si absurdes que c’est un ricanement tendu que l’on entend dans le public. Les nerfs sont tout proche de lâcher à chaque nouvelle histoire des victimes.
Le rythme est tangible, les témoignages de ces femmes nous donne envie d’en savoir plus, on ressent une forme de curiosité “morbide”a vouloir entendre l’histoire de ces différentes femmes même si au fond de nous on sait qu’on ne veut pas entendre ce qui va être dit car chaque histoire a sa violence, son fond de cruauté particulière. Ces scènes semblent toute réunis par l’histoire d’un même homme, leur “barbe bleu” mais pour chaque femme l’homme semble différent, la seule chose qui reste c’est la peur qu’elles ressentent face à lui et à son regard menaçant!
Les femmes de barbe bleue, mise en scène par Lisa Guez armée de 5 comédiennes incroyables Valentine Bellone, Valentine Krasnochok, Anne Knosp, Nelly Latour et Jordane Soudre. Les personnages que les comédiennes jouent sont toutes différentes et elles représentent bien que ces événements peuvent toucher toutes les femmes. Mais nous allons toutes nous sauver, là est bien la morale de l’histoire. Les femmes sont déterminées à se soutenir les unes et les autres et tentent de refaire la scène afin qu’elles ne soient pas tuées. Et après ces scènes qui se muent toujours en échec arrive la femme a la robe rouge, et qui porte le rouge comme le revolver (ou plutôt devrais-je dire les cacahuètes…), elle n’est plus la femme assujettie à Barbe Bleue qui n’a pas réussi à se défendre et qui attend ses frères comme dans le conte de Perrault, elle n’a pas de réponses à ses textos envoyés à ses “sœurs” et elle prend sur elle entourée par les énergies de ces femmes mortes qui jouent toute la mort de Barbe bleue, pour finalement renverser le cercle vicieux qui est réservé aux femmes qui sont entrées dans le manoir.
Mais entre le mime et la réalité, ont-elle réussi à toute se libérer? On veut que ce soit le cas et c’est sur cette note que l’on veut rester. Les femmes par leur force et leurs encouragements mutuels se sont ouvertes les yeux, se sont soutenues et grâce à ce support féminin elles parviennent à revivre dans l’espoir qu’elles arriveraient à tuer cet homme. La féminité gagne au final et c’est la femme moderne dans sa Peugeot, fumant une cigarette entourée des fantômes des autres femmes qui profitent de l’air qui leur effleure le visage qu’elles ont vaincu et qu’elles sont enfin libres!
La pièce se joue encore jusqu’au 1er décembre pour plus d’informations mais elle sera aussi jouée dans le cadre du festival Impatience 2019 le 14 et 15 décembre au JTN à ne pas louper!
Visuel:©Morgane Moal