Théâtre
L’écume des jours au Théâtre de Belleville

L’écume des jours au Théâtre de Belleville

01 December 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Le collectif La Bouée, ici, pas de maître, présente dans le tout rénové Théâtre de Belleville, une adaptation du cultissime livre de Boris Vian ” L’écume des jours”. L’adaptation du roman en pièce réalisée par Judith Davis a reçu le prix CNT pour l’occasion, en emmenant l’effervescence des années « Jean-Sol Partre » au XXIe siècle.
La pièce progresse du pire au meilleur. Si l’entrée du public se fait par un attendu best of des tubes de Vian nous mettant dans de bonnes conditions, un premier jeu nous inquiète déjà plus. Nous voilà, bras droit levé en train de crier pour la photo un ” Boris Vian for ever”, sympathique pour certains. Pendant toute la première partie du récit, la troupe hésite entre boulevard gras, on se serait passés d’une vanne sur le “pêt”…et théâtre contemporain inventif.
Pour trouver du génie, il faut commencer par le décor. Comment rendre en scène le patchwork des mots de Vian ? “L’écume des jours” raconte dans une langue incroyable de vivacité la vie confortable de Colin et de son cuisinier Nicolas. Le premier vient souvent en aide à son ami ingénieur fou de lettres, mais sans le sous, Chick. Puis l’amour s’en mêle. Chick tombera amoureux d’Alise que Colin aimait tant, il épousera la belle Chloé, quand à Nicolas il reste un temps aveugle face aux avances d’Isis. Une fois tout le monde installé, le malheur arrive, vieillir semble inéluctable, les murs des maisons rétrécissent jusqu’à l’étouffement.
La partie joyeuse de L’écume est prétexte à de nombreux déplacements, à des récits sur des villes inventées. C’est toute l’innocence bientôt à perdre de ces, encore, jeunes gens qui est racontée. Pour ce faire, la brillante scénographie utilise les matières des jeux d’enfants. L’idée est formidable : des cubes colorés permettent aux comédiens de jouer sur différents niveaux, des costumes incroyablement ingénieux comme rembourrés les rendent picturaux, et un piano, jazz si possible, amène à nos oreilles les airs de Duke. Les comédiens se distribuent les rôles et comme dans une lecture se dirigent les uns les autres. L’idée est bonne mais ne fonctionne pas toujours. Les moments lus se font parfois les yeux vissés au texte, perdant l’attention du spectateur.
Et pourtant, la proposition fonctionne. D’abord parce qu’il y a ce texte, qu’adolescent, on dévore, ensuite il y a des bons comédiens. La tension se fait pleine quand le ciel s’assombrit pour la bande insouciante. Là, il n’est plus question de bruitages pas toujours bien venus. Le jeu est parfait, la lumière bien travaillée. L’écume, symbolisée par du plastique envahit le plateau et laisse place à la tragédie de l’entrée dans l’âge adulte.
« L’écume des jours » mérite d’être vue malgré ses écarts de début. La troupe est généreuse, évoluant dans un décor regorgeant de magnifiques idées. Les images du roman reviennent et l’effet clip du récit est parfaitement respecté.

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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