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Le Théâtre du Peuple réinvente en beauté la fin de l’été avec “Notre besoin de consolation est impossible à rassasier”

Le Théâtre du Peuple réinvente en beauté la fin de l’été avec “Notre besoin de consolation est impossible à rassasier”

29 August 2020 | PAR Julia Wahl

Le Théâtre du Peuple, à Bussang, présente du 29 août au 6 septembre Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, de l’auteur suédois Stig Dagerman, dans une mise en scène de Simon Delétang. Un essai sombre que le directeur du Théâtre du Peuple monte comme un “oratorio électro-rock” avec le groupe Fergessen, en remplacement du Hamlet annulé par les conditions sanitaires.

A la recherche d’une “consolation” qui soit une raison de vivre

Ce très court texte de Stig Dagerman a été publié en Suède en 1952. Il ne sera connu en France qu’en 1984, dans une traduction de Philippe Bouquet publiée chez Actes Sud. L’auteur y exprime sa recherche d’une “consolation qui soit une raison de vivre”, quand toute croyance à laquelle se rattacher vous a échappé. Un essai à l’allure d’un ultime testament, puisque son auteur mettra fin à ses jours deux ans plus tard. Un texte qui semble se prêter aux adaptations musicales : les Têtes raides en avaient déjà proposé une lecture mise en musique en 2007, dans leur album Banco. Une réflexion, aussi, sur notre part de liberté et d’individualité.

Des musiciens promus comédiens

C’est cet aspect du texte que Simon Delétang retiendra. Sa proposition mise sur la sobriété : au micro, face au public, il récite d’une voix paisible et sans effet superflu cet essai en forme d’apologie du suicide. Les musiciens Michaëla Chariau et David Mignonneau, du groupe Fergessen, partagent avec lui la scène. Ils ne “l’accompagnent” pas, ils participent du spectacle au même titre que le comédien-metteur en scène : c’est eux qui accueillent le public, eux qui font respirer le texte, eux qui closent le spectacle. En véritables comédiens, ils prennent également en charge les discours du Désespoir et de la Fausse Consolation, accordant à l’un et à l’autre le statut d’allégories.

Une musique personnage

L’articulation entre le texte, les voix et les instruments donne à l’essai une gravité nouvelle, absente de l’interprétation des Têtes raides. Véritable personnage, la musique accélère dans l’urgence de l’énumération des différentes cachettes de la mort, se fait lancinante avant de ralentir pour évoquer la Terre comme “fosse commune dans laquelle le roi Salomon, Ophélie et Himmler reposent côte à côte”. Enfin, la guitare électrique de David Mignonneau résonne seule, en un véritable signe de ponctuation, après l’affirmation selon laquelle “le suicide est la seule preuve de la liberté humaine”.

Un écrin de conte de fées

Si l’ouïe du spectateur est copieusement convoquée, sa vue n’est pas en reste. La lumière accompagne avec subtilité les changements de rythme et d’atmosphère. Elle met tour à tour sous les feux des projecteurs les musiciens, leurs instruments, ou le comédien.

Surtout, la salle qui accueille le spectacle se prête à toutes les rêveries : ses boiseries baignées dans la lumière orangée, ses grands lustres campagnards lui confèrent la chaleur d’un conte des frères Grimm et l’on cherche avec avidité la galette ou le pain d’épices. Ce décor offre au spectateur la “consolation”, toujours factice, que l’auteur suédois recherche. Précisons que le dispositif d’accueil du public, dû au Covid-19, accroît encore cette impression : les spectateurs sont assis sur le plateau, dos à la forêt des Vosges et face aux bancs en bois de la salle, aux allures de stalles et de prie-dieux. Petite pensée pour les églises “en bois debout” que l’on trouve, certes pas dans la Suède natale de Stig Dagerman, mais dans la Norvège sa voisine.

Informations pratiques

L’association du Théâtre du Peuple propose le dimanche 30 août, des ateliers de pratique à destination des amatrices et des amateurs autour du texte de Stig Dagerman.

Samedi 29 août : 17 h 00 et 19 h 00
Dimanche 30 août : 17 h 00 et 19 h 00
Jeudi 3 septembre : 17 h 00 et 19 h 00
Vendredi 4 septembre : 17 h 00 et 19 h 00
Samedi 5 septembre : 17 h 00 et 19 h 00
Dimanche 6 septembre : 17 h 00 et 19 h 00
 
Durée : 30 minutes
A partir de 10 ans
Entrée : participation libre
Sur réservation uniquement (50 places par séance) : 03 29 61 62 47

Crédits photo : Jean-Louis Fernandez

Infos pratiques

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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