Théâtre
Le prince travesti de Marivaux : un savant et plaisant mélange des genres

Le prince travesti de Marivaux : un savant et plaisant mélange des genres

30 January 2019 | PAR Jean Emmanuel P.

« Le prince travesti »  est une pièce de Marivaux plus rarement montée que « La Double inconstance » ou « Le Jeu de l’amour et du hasard ». Elle est actuellement à l’affiche de Théâtre 71 (Malakoff), et bientôt en tournée dans toute la France. La mise en scène proposée par Yves Beaunesne, pratiquant un plaisant mélange des genres, avec des intermèdes musicaux réussis.

Cette pièce censée se passer dans l’Espagne du XIIème siècle est désormais transposée dans les années 50, dans un décor où domine un grand escalier et un lustre aux multiples ampoules. La mise en scène est entrecoupée de chansons italiennes, donnant du rythme à l’intrigue.

Comme dans du Marivaux, il est toutefois toujours question d’intrigues amoureuses et aussi politiques avec un prince déguisé, qui se fait passer pour le soldat Lélio et devient le favori de la Princesse mais souhaite épouser sa confidente Hortense. Un secrétaire d’Etat jaloux de Lélio et qui ne cesse de vouloir contrarier son ascension en utilisant le domestique Arlequin aisément corruptible, auquel s’ajoute un ambassadeur, qui est en réalité le roi de Castille, et une fiancée, celle d’Arlequin, qui complète l’ensemble.

Au fur et à mesure du déroulement de la pièce, on assiste à une sorte de « mélange des genres » , allant de la comédie musicale aux morceaux de bravoure, en passant par des moments burlesques, rythmés par des séquences non sans rapport avec une forme de comédie de boulevard.

Dans cette mise en situation rythmée, malgré quelques petites longueurs, chacun joue sa partition. Le prince Léon, interprété par un Nicolas Avinée à la fois mystérieux et séducteur. Les seconds rôles sont surtout à l’honneur. On pourra apprécier en particulier les confrontations pleines d’allant entre la Princesse et Hortense (respectivement Marine Sylf et Elsa Guedj), les tirades d’un secrétaire d’Etat cynique, brillamment incarné par Jean-Claude Drouot (qui incarnait Thierry la Fronde dans les années soixante), un facétieux Arlequin que l’on pourrait situé entre Charlie Chaplin et les Marx Brothers, brillamment interprété par Thomas Condemine … Le titre de la pièce porte finalement bien son nom, car les relations amoureuses et la réalité y semblent travesties.

Au total, voilà une façon originale et plaisante de redonner vie à cette pièce méconnue de Marivaux.

 

Photo : © Guy Delahaye

Distribution : Mise en scène Yves Beaunesne, Avec Marine Sylf, Elsa Guedj, Nicolas Avinée, Jean-Claude Drouot, Thomas Condemine, Johanna Bonnet, Pierre Ostoya-Magnin et Valentin Lambert, Composition musicale Camille Rocailleux, Costumes Jean-Daniel Vuillermoz, Production Comédie Poitou-Charentes

En tournée

Théâtre 71, Scène nationale de Malakoff : du 23 janvier au 1er février, Théâtre Montansier, Versailles : du 6 au 10 février, SN 61, Scène nationale d’Alençon : le 26 février, Théâtre Jacques Coeur, Lattes : le 21 mars,  Grand Théâtre, Calais : les 28 et 29 mars, MCNA, Nevers : le 4 avril

Le Syndicat Français de la Critique dévoile son palmarès
Béatrice Dalle considère que l’écologie n’est pas à la portée de tous
Jean Emmanuel P.

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration