Le “mystère” Macbeth au théâtre de l’Opprimé
D’après la légende, le mot “Macbeth” porte malheur ; représenter cette pièce serait donc périlleux. En Œdipe courageux, le metteur en scène Serge Poncelet a trouvé une parade : présentant l’oeuvre de Shakespeare comme une véritable messe noire, il excorcise le mal sans se crever les yeux. Au théâtre de l’Opprimé jusqu’au 3 mai 2009.
Avec son ami Banco, le général Macbeth a valeureusement défendu le royaume d’Ecosse contre les Norvégiens. Au retour du combat, les deux guerriers aperçoivent dans un halo de fumée trois femmes, les sœurs fatales. Ces magiques créatures prédisent aux deux hommes une illustre destinée : Banco sera père d’une royale lignée et Macbeth, futur Conte de Cawdor, sera lui-même couronné. Les paroles de ces prêtresses, plus semblables à des fées qu’à des sorcières, semblent se confirmer : Macbeth se voit décerner le titre de Cawdor. Ce qui est écrit est vrai, il doit donc être fait. Soutenu par son ambitieuse femme, Macbeth forcera le destin, ce qui, comme Oedipe, lui vaudra une malheureuse fin.
En digne héritier du texte de Shakespeare, le Macbeth de Serge Poncelet est un mystère moyen –âgeux : le symbolisme de la mise en scène permet d’allier réalisme et surnaturel. Des effrayantes forêts aux flammes de l’enfer, les burlesques personnages déambulent en pauvres hères, pantins manipulés par une Mort personnifiée.
Manipulatrice, cette mort peut aussi devenir salvatrice. Pour les guerriers japonais, le suicide était la dernière façon de se laver honorablement d’un échec. Or Macbeth est, avec ses compagnons d’armes, habillé en samouraï, comme si, après avoir été été joué toute sa vie par un destin qu’il avait voulu forcer, il n’était sorti de son cauchemar que par la mort.
Crédit photo : Eve Grozinger
Un mystère actuel à voir au Théâtre de l’Opprimé (où d’autre ?) !
Macbeth, adapté et traduit par Eric Pringent, mis en scène par Serge Poncelet, Avec : Yohann Mateo Albaladejo, Eirin Marlene Forsberg, Luc Mansanti, Serge Poncelet, Eric Pringent, Philippe Simon et Olga Sokolow.
Au théâtre de l’Opprimé, jusqu’au 3 mai 2009, Du mercr au samedi à 20h30, les dim à 17h, le samedi 2 mai à 15h, 78 rue de Charolais, Paris 12e, Métro Reuilly-Diderot, RER Gare de Lyon, Plein tarif : 16 euros, TR / 12 euros, groupes : 10 euros, Résa au 01 43 40 44 44. Durée 1h50.
Crédit photo : Eve Grozinger
Marie Barral