Le Mec de la tombe d’à côté : noces funèbres au Petit Montparnasse
Le théâtre du Petit Montparnasse accueille, depuis le 9 février 2012, Le Mec de la tombe d’à côté mis en scène par Panchika Velez. Ce succès de librairie, signé Katarina Mazetti et adapté en 12 langues, retrace la rencontre de deux voisins de cimetière. Une belle bibliothécaire se recueille sur la tombe de son époux, tandis qu’un agriculteur, presque vieux garçon, fleurit la pierre tombale de sa mère. Le choc des cultures peut commencer, en apparence…
Au premier abord, tout semble séparer Daphné et Jean. C’est ce que Panchika Velez laisse entendre dans une mise en scène simpliste mais percutante. D’un côté, la bibliothécaire vit dans un intérieur cosy et immaculé, de l’autre, l’agriculteur s’octroie quelques pauses, accoudé à une table rustique surmontée d’une nappe à carreaux. On l’aura compris, les stéréotypes ont la part belle.
« Dans ma famille, on ne tape pas sur les femmes car on ne gâche pas la main d’œuvre », Jean
Pourtant, rien n’est plus charmant que ce couple détonnant. Si un « fossé culturel » les sépare et que « leurs styles de vie se heurtent », les personnages se jouent des idées reçues, du regard des autres et de leur trouille respective à tenter une nouvelle vie à deux.
Le duo formé par Sophie Broustal et Didier Brice est impeccable. Sous les traits d’un brave agriculteur qui fait rire malgré lui, Didier Brice se révèle aussi attachant que séducteur. Sophie Broustal campe, quant à elle, avec malice une héroïne BCBG dont les ovaires se manifestent trop souvent. La salle hilare, écoute leurs confidences, leur narration d’un quotidien ponctué de désirs et de difficultés.
Elle le surnomme « Le Forestier », lui l’affuble du sobriquet « La Crevette » en raison de sa tenue beige
Si cette comédie illustre l’adage : « les opposés s’attirent », elle symbolise aussi l’espoir inlassable d’un renouveau. Le Mec de la tombe d’à côté, adapté par Alain Ganas, réussit la gageure d’unir sincèrement deux antithèses. Il semble ainsi possible de posséder un Bac +5 et d’aimer faire bestialement l’amour. Ou bien de se mettre à lire, par amour, Schopenhauer alors que notre nourriture spirituelle habituelle s’apparente à Mickey Magazine. Cette mise en scène de Panchika Velez nous réconcilie avec le théâtre de Boulevard, où les bons mots succèdent à la vulgarité cocasse et à l’humour potache.