Théâtre
Le chant du cygne / L’ours : deux pièces en un acte de Tchekhov à découvrir à la Comédie Française

Le chant du cygne / L’ours : deux pièces en un acte de Tchekhov à découvrir à la Comédie Française

24 January 2016 | PAR Yaël Hirsch

Artiste associée à Chalon sur Saone ne mai prochain et invitée à montrer sa création Ceux qui errent ne se trompent pas au Festival d’Avignon pour la 70e édition de cet été 2016, Maëlle Poesy investit jusqu’au 28 février le Studio de la Comédie Française en proposant une mise en scène de deux pièces en un acte très différentes de Tchekhov : Le chant du Cygne, un beau texte sur la vocation de l’acteur et L’Ours, un exercice de vaudeville “à la française”. Un spectacle intense d’une heure, évidemment magnifiquement interprété. 

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C’est dans un décor d’après la chute du mur, ambiance sixties soviétique légèrement surannée qui semble depuis la scène un décor de théâtre que Vassili Vassiliévitch (charismatique Gilles David) se rend compte qu’il est encore sur scène avec une sacrée gueule de bois. Acteur vieillissant, passionné par son métier, mais traité assez durement, il entame un chant du cygne solitaire, quand il se rend compte que le souffleur est encore présent. Il a trouvé un public et se met à jouer tous les grands rôles shakespeariens pour ce spectateur précieux et unique…

Le décor change à peine et se fait plus “réaliste” pour L’Ours, qui est aussi l’histoire d’une rencontre. Tchekhov parle de la pièce comme “Un petit vaudeville bien creux et franchouillard”. La comédie français sait parfaitement le mettre en acte ! Elena Popova (extraordinaire Julie Sicard) a perdu son mari il y a sept mois. Elle s’est enfermée chez elle à se morfondre et se plaindre à son valet (Gilles David qui change de rôle avec aisance) en écoutant Nina Simone. Quand soudain, Gregori Smirnov (Benjamin Lavernhe, flamboyant), un nobliau mal élevé passe la porte de chez elle pour réclamer un argent que le défunt mari lui doit. Il refuse d’entendre qu’elle a besoin de voir son intendant pour le payer. Il est rustre, elle est précieuses, ils s’énervent, ils vont en venir aux armes, mais aussi… ils se plaisent. Un texte évidemment très accessible pour un public français qui jubile des dialogues généraux et étincelants sur les travers croisés des hommes et des femmes.

Deux pièces rarement jouée et rarement vues ensemble, qui fonctionnent assez bien dans leurs contrastes. La mise en scène entre deux âges un peu kitsch de Maëlle Poesy est agréable, en revanche, et le rythme que tiennent les acteurs nous emmène de l’âme slave aux séductions “franchouillardes” avec génie.

Le chant du Cygne/ L’Ours, d’Anton Tchekhov, avec Julie Sicard, Gilles David, Benjamin Lavernhe, et Christophe Montenez, mise en scène : Maëlle Poesy. Durée : 1h.

visuels :  © Simon Gosselin

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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