L’AFP en danger lance un SOS ! Démocratie…
Culture d’une époque : c’est au tour de l’AFP de lancer un SOS pour lutter aujourd’hui pour son autonomie.
Les accointances entre le monde politique et le monde des médias sont souvent dénoncées par une population qui reproche un manque d’objectivité à l’information. Les journalistes sont partiaux. Les uns sont dénoncés pour leur parti pris pro-gouvernemental, les autres pour leur réflexe, pour le coup, anti, et qui favorise donc l’opposition. Malgré tout nous sommes et restons en démocratie.
Dans cette démocratie, un proche du chef de l’Etat, Philippe Val, après un bilan désastreux au sein de Charlie Hebdo, se voit parachuté à la tête de France Inter. Par ailleurs, depuis le 25 juin 2008 ce n’est plus au CSA de nommer le directeur de France Télévision, mais bien au Président de la République lui-même. L’Etat est de fait de plus en plus influent dans la toile médiatique.
De son côté, l’AFP bénéficie depuis 1957 d’un statut unique lui permettant de garder son indépendance structurelle par rapport aux pouvoirs publics, et de tout autre “groupement idéologique, politique ou économique”, ce qui comprend de fait les lobbys et les partis politiques. Or, l’AFP se plaint d’être depuis plus d’un an l’objet d’attaques sans précédent de la part d’hommes politiques proches du pouvoir. Il est ainsi reporté : “Tantôt on l’a traitée d’agence d’Etat” en souhaitant ouvertement sa privatisation, tantôt on lui a reproché de ne pas être assez prompte à répercuter les communiqués de presse du parti au pouvoir.” (…) Si ce qui est rapporté ici s’avère justifié, alors une réforme est annoncée, une réforme pour un organisme qui, pour le coup, représente l’indépendance et l’autonomie. La crainte exprimée par l’AFP est de voir son statut aboli “afin de permettre la transformation en société anonyme et l’entrée d’actionnaires”. Mais a-t-on vraiment besoin de voir une structure économique à la tête de l’information avec tous les enjeux que cela comporte et les conséquences qui en découlent ?
L’AFP jusque-là diffuse une information qui se veut complète et objective… “exacte, impartiale et digne de confiance”. Ce qu’en font les journalistes relève ensuite de leur parti pris, mais l’information à la source est, autant que faire se peut, vide de jugement, vide de critique, et le fait de ne pas être “assez” prompte à communiquer une information montre le vrai travail journalistique effectué en amont, puisque l’information ne doit pas répondre à des impératifs de temps, elle doit répondre à des impératifs d’exactitude. Quand bien même, si une réelle rétention d’information a lieu, il ne s’agit que d’une rétention et non d’une suppression. Il n’est donc pas erroné de dire que l’Agence France-Presse remplit bien son rôle d’intérêt général. D’autre part, sur le plan économique, si l’AFP fournit la majeure partie des informations, elle s’est imposée comme l’une des trois grandes agences de presse au monde.
Restons naïfs et innocents, une attaque contre l’AFP n’est peut-être qu’une simple crainte. Car pourquoi voudrait-on changer un système qui fonctionne déjà bien et au service du citoyen ?
L’AFP présente une pétition pour défendre son statut le moment venu. Si elle ne sert à rien, elle aura au moins le mérite de montrer l’intérêt des citoyens pour leur démocratie. De nombreuses personnalités l’ont déjà ratifiée, toutes tendances politiques confondues, parmi lesquels Hervé Bourges, Florence Aubenas, Noam Chomsky, Michèle Cotta, Philippe Decharte, (ancien ministre gaulliste, doyen du Conseil économique et social), Jacques Delors, Nicolas Dupont-Aignan, Michel Onfray, (la liste ici). Quoiqu’il en soit, même s’il s’agit de ne pas la ratifier, nous vous invitons à vous pencher sur la question.
Erwan Gabory (Non journaliste)
Sources : AFP