La Tempête… à Bobigny, Lavaudant présente un montage shakespearien tout en contrastes
De la Cour d’honneur du Festival d’Avignon à la réouverture du Théâtre de l’Odéon qu’il dirigeait, le théâtre de Shakespeare a beaucoup compté dans la carrière de Georges Lavaudant. L’été dernier, le metteur en scène présentait, aux Nuits de Fourvière, une adaptation inédite (signée avec le traducteur Daniel Loayza) qui combine deux belles pièces du grand Will, La Tempête et Le Songe d’une nuit d’été, pour lesquels il applique son esthétique propre, intemporelle, mélangée, entre baroque et fantastique. Ce spectacle, repris en ce moment à la MC93 de Bobigny, ne convainc que moyennement.
L’idée de regrouper La Tempête et le Songe n’est pas illégitime. Les thèmes du songe, du monde comme théâtre, de l’amour guidé par la magie se trouvent mis en valeur. Cela aurait pu donner un éclairage nouveau sur les deux textes choisis mais en réalité, ils se trouvent réduits, limités. D’abord parce qu’il ne reste pas grand-chose du premier, et que l’autre est monté de manière trop convenue et prévisible. Alors est-ce une bonne idée de les rassembler puisque malgré leur imbrication, Lavaudant ne parvient pas à aboutir à l’harmonie et monte deux spectacles très différents, quasi autonomes, en un seul.
De La Tempête, on regrette l’austérité : le jeu particulièrement statique et déclamatif rendent le travail très artificiel, sans compter les lumières, la surabondance des bruitages et des sons futuristes, la voix atone d’Astrid Bas continuellement amplifiée… A l’inverse, l’ambiance débridée et colorée qui caractérise Le Songe vivifie la représentation. D’une manière générale, le spectacle est placé sous le signe de la farce et malgré quelques ajouts inopportuns (danse disco…) et un air de déjà vu, le comique est d’une redoutable efficacité.
On assiste à de véritables numéros d’acteurs, celui des bouffons avec Olivier Cruveiller et Luc-Antoine Diquéro qui sont deux clowns hilarants dans leur culotte bouffante. La fameuse scène de la troupe d’acteurs qui se distribuent les rôles impartis est un bonheur. Lavaudant fait des artisans des jardiniers de la propriété en bleu de travail. Pascal Rénéric, y est génial dans Pyrame puis dévastateur en âne lubrique. Il domine de haut une distribution chorale assez moyenne. André Marcon (Prospéro et Obéron) est très bien, il se distingue par son jeu nuancé mais parfois plat.
La force du spectacle est de faire rire franchement et la traduction truculente y est pour beaucoup. Mais au divertissement certes réjouissant, il manque l’essentiel : la vérité des sentiments, la profondeur du drame qui se joue, l’émotion.
La Tempête…, jusqu’au 24 octobre 2010. A la MC93, 1 boulevard Lénine à Bobigny (métro Ligne 5). 01 41 60 72 72 et mc93.com
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One thought on “La Tempête… à Bobigny, Lavaudant présente un montage shakespearien tout en contrastes”
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nath
je suis tt à fait d’accord. je pensais voir uniquement la tempete et je pense que c’est une erreur d emettre les 2 ensemble.
Si Shakespeare avait voulu mettre son taxte differemment il l’aurait fait.
Pourquoi ne pas garder intact les superbes pieces du Grand will?
Inutile de massacrer ces textes…