La Faute, une pièce prenante entre documentaire et théâtre
Le texte de François Hien mis en scène par Éric Massé et Angélique Clairand relate avec émotion la catastrophe de la Faute et ses terribles conséquences.
Il y a onze ans, la tempête Xynthia balayait l’ouest de la France. A la Faute-sur-mer, en pleine nuit et en à peine un quart d’heure, l’eau montait jusqu’au plafond des maisons. Cette inondation a fait 29 morts. Ce remarquable spectacle relate la catastrophe et ses terribles conséquences. Durant les 2h30 de la pièce, on suit des victimes qui ont perdu des proches, ou leur habitations. Le spectacle met en lumière la difficulté de faire avancer la justice à travers des intérêts divergents : porter plainte pour mise en danger d’autrui ou volonté de revivre à tout prix dans sa maison.
Théâtre naturaliste
Le sujet n’est pas anodin, Angélique Clairand a vécu cette catastrophe. En effet, ses parents avaient un pavillon dans la station balnéaire de la Faute-sur-Mer. Par chance, la maison était vide cette nuit de février. Les cinq comédiens dont Angélique Clairand (Gilles Chabrier, Ivan Hérisson, Nicole Mersey Ortega, Samira Sedira) portent courageusement une petite dizaine de personnages. Des personnes de la ville plus ou moins touchées par le drame, le maire, l’avocate des victimes ainsi qu’une député, les personnages s’enchainent ! La pièce alterne avec subtilité les épisodes joués et narrés. Parfois très rapidement, nous les observons sur scène changer de veste, remettre du rouge à lèvre et s’attacher les cheveux pour endosser leur second rôle !
Scénographie efficace
De grands panneaux mobiles suspendus donnent tout le caractère à la pièce, tantôt mimant la tempête tantôt le calme, ils sont descendus pour donner à voir des lieux. Multifonctions et beaucoup utilisés pendant cette représentation, on y distingue aussi certains comédiens en ombres chinoises.
L’impressionnante structure de la maison qui habite tout le fond de la scène donne à voir les bâtisses typiques « vendéennes » de manière simple, juste avec ce qui est nécessaire.
François Hien fait réfléchir son public : combien de temps dure l’empathie ? Est-ce insensée de choisir la mer (et ses plausibles dangers) à une vie en sécurité ? Ce n’est pas la première fois que l’auteur écrit une pièce pour des compagnies de la région lyonnaise. En collaboration avec l’Opéra de Lyon, le collectif X et l’Harmonie communale, il travaille actuellement sur Echos de la Fabrique, une fresque historique autour de la révolte des Canuts.
A découvrir au Théâtre du point du jour (Lyon) jusqu’au 11 octobre puis au théâtre des Célestins (Lyon) du 17 novembre au 5 décembre.
Visuel : Léna Saint Jalmes