Théâtre
La Escuela, le beau projet de Guillermo Calderón

La Escuela, le beau projet de Guillermo Calderón

13 January 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Qu’il est difficile de sortir un spectacle du contexte dans lequel il est joué. Avant d’entrer en salle pour la représentation de Escuela mis en scène par Guillermo Calderón au TCI dans le cadre du Focus Chili du Théâtre de la Ville, un avertissement est distribué : “Nous sommes tous Charlie (…) Le spectacle de ce soir pourrait sembler résonner avec cette triste actualité, notamment par la présence au plateau de personnages masqués et d’armes à feu. Il nous a semblé important , pour parer à toute ambiguïté malencontreuse, de rappeler que cette pièce a été créée à Santiago du Chili en 2013 à l’occasion du 40e anniversaire du coup d’Etat militaire (…). Escuela est une cynique leçon de résistance armée, qui se regarde avec tristesse.

[rating=3]

Escuela est l’histoire d’une victoire  En 1988,  le Général Pinochet met au référendum sa réélection pour huit ans. En 2012, Pablo Larrain racontait le versant communication de cette histoire. Calderón lui nous présente un groupe militant du Frente Patriótico Manuel Rodríguez, soit l’aile militaire du Parti communiste qui avait tenté d’assassiner Pinochet en 1986. Nous sommes un soir de Nouvel An comme une robe pailletée nous le laisse penser. Dans un huis clos très resserré, ils sont cinq assis face au tableau. Dans cette école, on enseigne comment reconnaître une balle, comment tenir une arme, comment fabriquer une bombe…

Eux sont des résistants qui pensent que le référendum ne sert à rien, que seule la lutte armée contre le capitalisme vaincra. Ils ont le visage couvert pour éviter que les uns dénoncent les autres. Ils ne connaissent par leurs noms. Ils ne savent pas où ils sont.

Le choix d’un jeu ancré dans l’humour noir n’aurait pas déplu à la bande de Charlie mais le spectacle manque cruellement de tempo et reste un long fleuve tranquille bien éloigné des torrents que Marco Layera a su déchainer avec sa destruction des idoles lors de La Imaginacion del futuro.

Ce que l’on retient ici, c’est la capacité qu’a le théâtre chilien à mettre en mots et en actes la mémoire de la dictature. Cette  histoire est trés présente. Guillermo Calderon est né sous le régime de Pinochet.

Le spectacle agit avec deux effets. Il galvanisera certains, en rappelant que la résistance n’est pas un mouvement doux, d’autres seront au contraire abassourdis par la violence. Ce que dit aussi cette histoire, c’est que les Urnes ont fait tomber la dictature.

Visuel : © Valentino Saldivar

Infos pratiques

Théâtre Petit Hebertot
Le Zèbre
theatre_de_la_cite_internationale

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration