Théâtre
“La Discrète amoureuse” au Théâtre 13

“La Discrète amoureuse” au Théâtre 13

14 March 2015 | PAR Constance Delamarre

Les personnages lancent leurs répliques avec habileté et leur légèreté nous comble de réjouissance. Retour sur ce vrai plaisir théâtral qui se joue au Théâtre 13 / Seine jusqu’au 12 avril.

La Discrète amoureuse, c’est l’histoire d’une course à l’amour. Lucindo, jeune garçon à l’enthousiasme débordant, est épris de Gérarda qui pour le rendre jaloux, se joue de lui avec le charmant Doristéo. Mais il oublie vite sa séductrice quand il rencontre sa voisine Fénisa, jeune fille à la douce candeur. Son père le Capitaine Bernardo, le double cependant en demandant la main de la belle. Sans que cette nouvelle ne la fasse frémir, Fénisa va ruser tout ce monde jusqu’à faire croire à son autoritaire mère Bénisa que Lucindo l’aime en secret, pour pouvoir le garder auprès d’elle.

Réel imbroglio amoureux parsemé de quiproquos comiques, cette pièce de Lope de Vega écrite en 1604, est menée par l’énergie des comédiens. Lucindo, joué par Thomas Soliveres, est un amoureux passionné qui danse et bondit littéralement à chaque idée de son valet Hernando. Sa jeunesse presque insolente nous le fait paraître autant cocasse qu’affectueux. Fénisa, incarnée par Anne-Clotilde Rampon, est elle aussi très jeune. Sa niaiserie déguisée dans sa robe rose pâle, n’est en fait qu’un stratagème pour duper son monde – et nous avec. Avec humour, la jeunesse tient dans cette pièce le rôle majeur, révélant sans doute la peur – très humaine – des aînés de vieillir. Les parents de ces Roméo et Juliette espagnols, interprétés par Françoise Thuries  et Jean-Philippe Puymartin, sont en effet dans le fantasme de la séduction éternelle. Pas de tragique dans cette pièce, chacun finira avec celui qui lui est destiné.

Chaque personnage a en fait son caractère amuseur. Eléonore Arnaud dans le rôle de Gérarda, par son attitude extravagante, contraste volontairement avec le personnage très réfléchi de Fénisa, et anime le plateau de ses déhanchés et de ses baisers torrides avec Doristéo. Hernando, joué par Florian Choquart, est le cliché du valet plus perspicace que son maître, mais prêt à se déguiser en femme ou à se dénuder pour que Lucindo arrive à ses fins. Ses mots sont à la fois justes et pleins de réparties comiques. La traduction du texte par Benjamin Penamaria, est d’ailleurs très actuelle avec des termes empruntés au XXIème siècle, ce qui nous plonge facilement dans la pièce. La scène est aussi très vivante grâce à la musique qui nous emmène dans la chaleur de l’Espagne. Pablo Penamaria, jouant le rôle de Doristéo, nous séduit par ses chants et ses accords de guitare très flamenco, totalement intégrés à l’histoire.

La mise en scène de Justine Heynemann est très pure, quelques estrades pour donner du contraste dans les relations entre les personnages (et servir aux cabrioles de Lucindo !), des guirlandes lumineuses et des voilages pour changer de décors sans trop d’artifices. Une simplicité qui nous satisfait. Pendant ces deux heures, nous n’avons pas le temps de nous ennuyer, ni l’envie de regarder nos montres. Sans prétention, ces comédiens talentueux et plein de fraîcheur nous font passer un très bon moment de théâtre, loin des clichés trop cérébraux qu’il peut avoir. Rendez-vous au Théâtre 13 !

Au Théâtre 13 / Seine, 30 rue du Chevaleret 75013 Paris. Jusqu’au dimanche 12 avril. Téléphone: 01 45 88 62 22.

Visuel © Cédric Gatillon / Théâtre 13

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