Théâtre
Viens petite fille dans le comic strip de Ludovic Lagarde

Viens petite fille dans le comic strip de Ludovic Lagarde

11 February 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Au commencement de La Baraque, il y a un désir du metteur en scène et patron de la Comédie de Reims Ludovic Lagarde : faire une pièce sur le terrorisme. Funky isn’t-it ? Il demande à Aiat Fayet, qu’il connait déjà pour avoir travaillé avec lui sur Les corps étrangers d’écrire un objet un peu étrange. Pari relevé et barre de rire assurée pour un soap opéra décalé à souhait, à voir jusqu’au 12 février à l’Atelier de la Comédie, dans le cadre du Festival Reims Scènes d’Europe.

[rating=4]

A une autre époque, cela aurait pu s’appeler Virginie et les loosers. Car ici, l’esthétique des séries d’AB production n’est pas loin, mais dans une version un peu plus défoncée.Virginie (Florence Janas) est amoureuse d’un “Petit” (Julien Allouf). L’appart où tout manque même le café est visiblement une collocation où le “Grand”(Julien Storini) est violent, un jour, une dispute dérape et le coupable sera nommé : c’est Trek-Per, une ligne de chaussures de sport. C’est à cause de leurs semelles de merde que “le petit”  a glissé ( un peu poussé par le grand tout de même !). Le voilà défiguré à vie. Alors, pour se venger, le duo de vainqueurs va réaliser un attentat, une sorte de pétard mouillé pour tenter de faire sauter l’usine. Cela va les entraîner dans un engrenage qui on le sent, viendra les dépasser bientôt.

La direction d’acteurs joue à mort la carte de la série B. Une porte et une fenêtre sont comme sur un plateau de télévision des ouvertures vers un extérieur qui n’existe pas. Ici dès qu’un mouvement a lieu, y compris une ouverture de frigo, un jingle retentit ou un tube : “2020” de Suuns.

, la voix de La Callas, le jazz de John Coltrane pour “A Love Supreme Part II- Resolution”…

Tout est absurde ici : Lagarde nous fait éclater de rire sur la question des attentats un mois après le massacre de Charlie.  La recette n’est pas dans la dose de TNT que ces deux là mettent dans leurs marmites mais dans les petites touches qui nous ramènent des images des Monty Python . Ici, les baffes se donnent à distance dans un son de claquement sorti d’un épisode de Bugs Bunny.

En parlant lapin d’ailleurs,  ce spectacle est une animalerie. On y croise un chien (Samuel Réhault), un raton-laveur (Tom Politano), un cat-man (Alexandre Pallu) et des humains à oreilles de spock.

La baraque a ses défauts, elle souffre d’une fin trop rapide, on a encore faim. Mais elle est une pierre à l ‘édifice d’une nouvelle phase de deuil. Il s’agit maintenant de refaire un peu surface et d’arriver à rire du pire. Le pire dont Wolinski disait qu’il “avait de l’avenir”. Ici, le pire devient le rire. Lagarde est Charlie, sans aucun doute.

Le spectacle joue les 11 et 12 février à l’Atelier de la Comédie.

Visuel : © Pascal Gely

Infos pratiques

Compagnie les comédiens voyageurs
Action culturelle du barrois
la_comedie_de_reims

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