Théâtre
Jack L’Eventreur au Lucernaire.

Jack L’Eventreur au Lucernaire.

08 February 2013 | PAR La Rédaction

Il n’était pas évident de mettre en scène Jack L’Eventreur de Robert Desnos. Les acteurs jouent en effet un simple récit sans s’appuyer sur les ressources traditionnelles de la dramaturgie et du dialogue ; et ils doivent pourtant rendre présent le morbide précité de vice et de cruauté qui charpente les onze crimes de Jack The Ripper. La Compagnie Dodeka, sur la scène du Paradis au Théâtre du Lucernaire, parvient-elle à nous montrer l’horreur du crime sans tomber dans une exagération délétère ?

 

D’emblée, disons que les trois acteurs sur scène ont su relever le défi de ne pas trahir le texte puissant de Desnos, qui se saisit de la terrible réalité du crime pour la poétiser. Ils entremêlent différents arts qui installent l’ambiance crépusculaire qui convenait à une telle histoire. Le violoncelliste Sylvain Meillan laisse planer une musique inquiétante qui double l’horreur du récit, pendant que Nicolas Rivals déclame l’histoire en endossant le rôle du criminel pervers. Et c’est la danseuse Armelle Gouget qui incarne l’éternelle victime d’un même bourreau. Le jeu des sombres des lumières et des couleurs, le mouvement saccadé des corps et des étreintes, le poème du crime proclamé : tout se met en place durant plus d’une heure, pour évoquer sans ellipse ni crudité faciles, la barbarie d’un meurtrier dandy et son fascinant pouvoir de séduction.

 

Parler du mal, au théâtre comme dans la vie, c’est révéler des sources noires propres à l’être humain qui le révulse et le subjugue tout autant. Nous sommes, nous spectateurs, dans la posture des assassinées qui avaient peur et qui pourtant se sont perdues dans les bras de L’Eventreur. Et le récit se poursuit sans temps mort, haleté ou crié, pris dans l’urgence d’en finir sans manquer les étapes qui mèneront au même dénouement fatal. Car, c’est sans cesse le même meurtre, finalement, qui est décrit, mais la mise en scène varie les points de vue et les gestes pour que chacun s’illustre différemment et envoûte l’imagination. C’est ainsi un spectacle abouti que nous offre Vincent Poirier, le metteur en scène. Bien sûr, on sent que le récit de Desnos n’était pas conçu, à l’origine, pour le théâtre, qu’il se suffit à lui-même en quelque sorte ou qu’il y aurait d’autres façons de représenter le couple bourreau-victime qui se poursuit sur scène ; mais force est de constater que, dans la salle étroite et noire du Lucernaire, La Compagnie Dodeka avec L’Eventreur a fait mouche.

 

Maxence Quillon

Visuel libre de droit © Merlin brenot

 

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