Théâtre
[Interview]Lionel Aknine présente Attaché de Presque : “Les attachés de presse sont les travailleurs de l’ombre, il était temps de les mettre sous les feux de la rampe!”

[Interview]Lionel Aknine présente Attaché de Presque : “Les attachés de presse sont les travailleurs de l’ombre, il était temps de les mettre sous les feux de la rampe!”

09 June 2014 | PAR Marie Charlotte Mallard

[rating=5] Attaché de presse, une mystique profession peu connue du grand public et peu reconnue des artistes. Une profession que Lionel Aknine comédien d’origine, ancien élève d’Antoine Vitez et de Jerôme Deschamps, a exercé 20 ans durant. Une profession harassante où la richesse culturelle, la richesse des rencontres n’a d’égale que l’incongruité des situations dans lesquelles l’on peut se retrouver. Sur ces années passées au service de l’artiste et au contact de toute la machinerie promotionnelle qui l’entoure, Lionel Aknine porte un regard piquant et amusé. Fort de ses 20 ans d’anecdotes, il présente avec Attaché de presque, le meilleur comme le pire de son expérience, de ses premières heures dans la musique classique, à son passage en maison de disque, évoquant ses mésaventures avec De La Soul, Lou Reed pour ne citer qu’eux. Au sortir de ses premières représentations, il revient pour nous sur son spectacle, comme sur son histoire. 

Après 20 ans à côtoyer artistes nationaux et internationaux, journalistes de tous bords, vous revenez sur les planches avec un spectacle inspiré de votre carrière, qu’est-ce qui a motivé ce choix ? Était-ce une envie de revenir à vos premières amours, ou celle de quitter ce monde souterrain et un peu hypocrite qu’est le métier d’attaché de presse ?

Il y a déjà plusieurs années que je pensais à ce projet car la petite flamme intérieure ne s’est jamais vraiment éteinte… Mais par manque de temps et puis aussi parce que la vie avait changé pour moi (famille, enfants, travail stable…) il fallait faire des choix. Et le temps passe et un jour (le jour de mes 50 ans) on se dit : « Allez vas-y ! Lance-toi ! ». Le premier sujet qui m’est venu à l’esprit a été une telle évidence tant il y a de choses à raconter !

Attaché de presque, peut-on considérer qu’il s’agit d’un autoportrait satirique où tout simplement une façon de faire le bilan sur 20 ans d’expérience ?

Je décris ce que j’ai vu, vécu ! Et j’en ai vu ! Avec des fois de l’ironie, de la colère, de la joie, de l’amour, de la haine… Il y a tellement de gens dans le monde du « show business » qui ne servent à rien ! Je les appelle les satellites parasites… Le monde du spectacle fait rêver, il attire donc beaucoup de monde. On y retrouve des managers qui se prennent pour des caïds, des attachés de presses imbuvables, des journalistes plus stars que les stars, des chefs de projets de maison de disques incultes… On rencontre de tout, et c’est une mine d’or pour monter une galerie de personnages !

On le voit dans ton spectacle, attaché de presse c’est un métier un peu ingrat, où l’on joue chaque jour avec les influences, où l’on se joue parfois de vous, souvent diabolisé et malmené par les journalistes, et peu récompensé par les artistes (tu dis notamment qu’à la fin d’un concert ils remercient tout le monde, papa, maman, producteur, technicien lumière, animaux de compagnie, mais jamais l’attaché de presse) est-ce que quelque part ce spectacle n’est pas aussi une façon de revaloriser cette fonction ?

Oui, c’est vrai qu’on est quelques fois pris pour des « larbins », et que c’est vrai que lorsqu’un album ou un artiste marche, explose ce n’est jamais grâce à l’attaché de presse ! A l’inverse s’il ne marche pas, ce sera toujours de notre faute!! On est en effet les travailleurs de l’ombre ! Il était temps de mettre ce métier sous les feux de la rampe !

A travers ton spectacle tu montres qu’outre le fait de gérer la promo en amont, il faut gérer les égos des artistes, ceux des managers, des producteurs, être psychologue, guide touristique, porteur de valises, savoir s’adapter à tout, est-ce qu’être comédien t-a aidé ?

Oui bien sûr ! Comédien c’est être polyvalent ! D’autant plus que c’est un métier qui ne gagne quasi rien, donc tu dois bien souvent exercer un autre métier pour vivre.

Est-ce qu’avec chaque artiste il ne fallait pas jouer un rôle en fonction de leur personnalité ?

Tout le temps ! Puisque chaque artiste est différent, certes il y a des fois des similitudes, en termes de sensibilité, de doutes, d’egocentrisme…

Dans cette souplesse, et à devoir s’adapter à toutes les personnalités, est-ce que ça t’es arrivé de te perdre ? De ne plus savoir qui tu étais vraiment ?

Non jamais ! Je sais d’où je viens et qui je suis ! Et puis rentrer le soir et devoir t’occuper de tes enfants te fait vite redescendre de l’éventuel melon que tu aurais pu prendre…

C’est la première fois que tu montes seul sur scène, pourquoi avoir choisi le format du seul en scène et non l’idée d’une pièce de théâtre ? Est-ce parce que cela collait particulièrement bien à ta personnalité, au sujet de spectacle, où est-ce parce que cela te permettait de retrouver une réelle intimité avec les spectateurs ?

Comme je maitrise bien le sujet de cette pièce – et pour cause  – je me devais de raconter cette histoire très personnelle avec ce seul en scène. Et puis au moins je peux me concentrer sur mon travail au lieu d’essayer de draguer les comédiennes…

Tu parles beaucoup des artistes mais très peu des journalistes, pourtant là aussi il y a des égos à gérer et une disponibilité particulière à avoir, un autre spectacle autour de la relation attaché de presse / journalistes serait-il envisageable ?

Je veux continuer à travailler avec les journalistes … ça c’est mon côté faux-cul ! Non je plaisante ! Mais je les égratigne quand même un peu, non ? Pour certains journalistes « stars », c’est toujours un peu le concours d’ego entre eux…Tout le temps en train de parler des artistes ou concerts qu’ils ont rencontrés ou vus il y a 40 ou 50 ans… C’est épuisant…

Dans ton spectacle tu montres qu’être attaché de presse c’est tout faire pour faire plaisir à l’artiste (l’amener dans de beaux et bons restaurants, lui porter son sac, lui faire une course ect….) dans une de tes interviews tu disais avoir eu parfois des demandes étranges, une anecdote marquante à nous raconter ?

Ah non, je ne peux pas « balancer »…forcement comme tu es très proche des artistes, tu connais pas mal de choses assez personnelles.

Quelle a été ta plus belle rencontre ?

Toi !   Mais ça c’est pour avoir une belle interview ! Plus sérieusement : CRAIG ARMSTRONG !!

Des amitiés importantes et marquantes sont-elles nées avec les artistes que tu as suivis ? si oui, lesquelles ?

Oui, tu rencontres tellement d’artistes et parfois tu accroches plus avec certains, les choses se font naturellement sans hypocrisie, en toute sincérité. Je citerais : RAMON PIPIN (ODEURS, Au BONHEUR des DAMES), Jean-Michel KAJDAN, SKYE, LUIS REGO, Alain CHAMFORT, Jeanne MAS…

Ta pire anecdote avec un artiste ?

LINDA DE SOUZA…complètement à l’ouest ! Une promotion très dure !

Avec un journaliste ?

Un journaliste qui se trompe de concert…j’adore ça !

Tu joues pour un mois, penses-tu prolonger? le reprendre à la rentrée, le jouer dans une plus grande salle ? Surtout penses-tu maintenant que tu as repris le jeu, poursuivre dans cette voie et vivre à nouveau de ta passion ? 

Oui je vais voir comment vont se passer ces 12 dates, puis mon producteur PBOX et moi déciderons de la suite pour la rentrée. Mais oui, il est certain que ce spectacle va continuer à vivre, il sera encore enrichi d’anecdotes, d’histoires, de personnages. Maintenant que je suis sous les projos, j’y reste !

Revenir sur scène 20 ans après ça fait quoi ?

C’est comme revoir un amour d’enfance…c’est tellement fort. Enfin je me retrouve !

Visuels: © Bruno Mogliano

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Marie Charlotte Mallard
Titulaire d’un Master II de Littérature Française à la Sorbonne (Paris IV), d’un Prix de Perfectionnement de Hautbois et d’une Médaille d’Or de Musique de Chambre au Conservatoire à Rayonnement Régional de Cergy-Pontoise, Marie-Charlotte Mallard s’exerce pendant deux ans au micro d’IDFM Radio avant de rejoindre la rédaction de Toute la Culture en Janvier 2012. Forte de ses compétences littéraires et de son oreille de musicienne elle écrit principalement en musique classique et littérature. Néanmoins, ses goûts musicaux l’amènent également à écrire sur le rock et la variété.

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