Théâtre
“Haine des femmes”, un spectacle plein d’humanité par Mounya Boudiaf

“Haine des femmes”, un spectacle plein d’humanité par Mounya Boudiaf

25 April 2015 | PAR Audrey Chaix

Au Théâtre de la Verrière de Lille, Mounya Boudiaf et la compagnie Kalaam reprennent Haine des femmes, le spectacle créé au printemps dernier à l’occasion du festival Prémices. Adapté du livre de Nadia Kaci par Mounya Boudiaf, ce spectacle, aussi vivant que bouleversant, relate le parcours de Rahmounah Salah, une femme algérienne qui fut battue et violée par une meute d’hommes dans la ville de Hassi Messaoud, une cité pétrolière du Sahara algérien. Comme de nombreuses femmes qui vécurent le même calvaire cette nuit de juillet 2001, Rahmounah s’est battue pour que leurs bourreaux soient condamnés, et c’est le témoignage d’une vie marquée par l’emprise des hommes que raconte ici la compagnie Kalaam. 

Accompagnée sur scène par Hammou Graia, un grand homme de théâtre et de cinéma algérien, Mounya Boudiaf annonce tout de suite la couleur d’un spectacle qui sera, tout au long de la représentation, partagé entre la dure réalité de la condition féminine en Algérie, et l’espoir inextinguible qui ne cesse de jaillir au détour d’un sourire ou d’une réplique. Haine des femmes est bien le récit d’un combat de femmes pour se libérer de l’emprise d’hommes dominateurs, mais sans que jamais il ne sonne moralisateur ou dogmatique. D’ailleurs, la présence de Hammou Graia sur le plateau, qui interprète aussi bien des hommes que des femmes, permet de montrer au spectateur une relation mixte apaisée et complice.

Car l’horreur de ce que raconte la pièce est palpable, en particulier lors des deux superbes de monologues pris en charge, tour à tour, par chacun des deux comédiens : ils relatent ainsi le calvaire subi par Rahmouna et Fatiha, deux des femmes battues et violées par des hommes pour la simple raison qu’elles étaient des femmes vivant seules. Sans en faire trop, et sans pathos, Haine des femmes parvient à bouleverser le spectateur, à lui faire prendre conscience de la réalité de la condition des femmes en Algérie au début du 21e siècle. Jeux de lumière, scénographie simple mais chargée de symboles, jeu des acteurs tout en sobriété et en finesse : Mounya Boudiaf signe ici un travail tout en finesse et en sensibilité, qui respecte la complexité de la situation en Algérie sans pour autant alourdir le trait.

Un très beau travail, que l’on pourra découvrir du 4 au 25 juillet à Avignon.

Photos : captures d’écran captation vidéo de Franck Renaud

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