
« Fin de Série » au Vingtième Théâtre. Reprise
La compagnie Cotillard nous montre son art abouti de la cocasserie avec Fin de série, comédie cruelle et burlesque sur les vieux. Deux vieux se font face à table. Ils se préparent un thé, le boivent puis rangent les tasses et la théière. Et leur vie se résume à cela, à passer le temps.
Jean-Claude Cotillard et Zazie Delem, sont épatants dans cette comédie douce-amère. Dans leur théâtre proche de la pantomime, ce couple est une description sans complaisance d’un déjà connu. Nous connaissons ces couples de vieux, où le couple est le siège de la sinistre cruauté, de la grise amertume, de l’égoïsme qui cherche à s’accomplir. Ces deux vieux sont loin d’être séniles, ils s’ennuient mais reste actifs, pantins de gestes inutiles, clients de produits de consommations aussi futiles. Ils s’épient, connaissent par avance la pensée de l’autre grâce au moindre mouvement sans que la parole soit nécessaire. Des effets sonores participent au burlesque car on rit beaucoup devant cette farce sur l’absurde de nos vies.
Au milieu de leur ennui, ils ont de la visite. Le visiteur, (Alain Boone, comique achevé, remplit parfaitement son emploi) tour à tour, médecin, coach sportif, commercial et agent des pompes funèbres trahit l’ennui. Ces deux vieux sont aussi des enfants vantards, et rêveurs. Elle le quittera, fera ses valises, mais pour revenir. Car cette pièce nous alerte sur notre déshérence, sur cette construction sociale réputée productrice d’une vie meilleure. Mais si la vie dure longtemps, elle n’en est pas meilleure. Au fond, les vieux ont gardé de l’enfance l’envie de vivre et son impatience cependant qu’ils s’autorisent à être odieux.
La mise en scène rappelle Christoph Marthaler et comme chez lui, nous rions dès le premier bruit, ici le “blob” du poisson rouge. Une pièce à voir et à revoir.
Crédit Photos : ©Ifou Pole Media / Compagnie Cotillard.