Théâtre
Festival Focus : Les Enchantements, quelle chaleur !

Festival Focus : Les Enchantements, quelle chaleur !

29 November 2022 | PAR Gautier Higelin

Pour le dernier jour de la 8e édition du festival Focus, le Théâtre Ouvert propose une mise en voix du texte Les Enchantements, lauréat des Journées de Lyon des auteurs de théâtre 2022.

Place donc à la prose de Clémence Attar, élève de l’ENSATT, qui axe ses projets d’écriture sur le renouvellement de la langue française et sur la circularité des expressions argotiques.

La petite salle du Théâtre Ouvert est comblée d’un jeune public, prêt à écouter un texte qui prend racine dans le parler de la rue, en l’occurrence celui des jeunes des Magnolias.

Trois hommes et trois femmes sont présent.e.s sur scène. Accompagnés d’un narrateur, leur texte les fait déambuler entre le café Magno, l’entrée d’un bâtiment de la cité ainsi que certains appartements.

Putain de chaleur !

Une expression qui donne le ton de cette histoire : trois jours de vie en cité par temps de canicule.

Si l’on comprend que le thème est celui de l’éco-anxiété, sa réalisation s’inscrit, elle, dans le réel. Une tranche de vie au goût de transpiration et d’asphalte brûlant qui pousse ces jeunes à trouver une solution avantageuse pour eux mais également pour la cité.

En remarquant que les piscines municipales aux alentours sont soit fermées soit trop coûteuses, les trois garçons décident d’acheter une piscine au supermarché et de l’installer dans un appartement en travaux dont ils ont les clés. L’objectif : donner la possibilité aux petits et grands de venir se rafraîchir pour un prix raisonnable. Dans un esprit fougueux et système D, c’est l’occasion rêvée pour eux de faire également un peu d’argent.

Mais c’était sans compter que leurs trois amies filles prennent la décision de les copier en étant persuadées d’organiser cette affaire bien mieux qu’eux.

Mêlée tout du long à des discussions amicales incisives et drôles, comme avec le jeu bien connu du « Tu préfères » qui traverse toute la narration, l’histoire n’est en aucun point anodine. Elle incarne, dans son langage, la relation entre pauvreté et changement climatique. Oui, ceux qui sont le plus durement touchés sont ceux qui ne possèdent pas.

Lorsque le décor est fait de béton et de barres d’immeubles, l’imaginaire collectif n’est pas près de se réinventer. L’amélioration des conditions de vie continuera de passer par l’argent et par la débrouillardise solidaire.

C’est dans ce collectif que résident leur force, leur puissance créatrice. Ils démontrent par leur façon d’être et d’agir qu’ils ont assez d’énergie pour s’adapter, pour créer des solutions.

Si leur idéal matériel se situe bien souvent en dehors de la cité, ils incarnent par leurs vies le changement, dans son essence collective et solidaire. Une mise en défaut théâtrale du mythe individualiste et de son égérie écologiste, le « consom’acteur ».  

Texte : Clémence Attar

Mise en voix : Clémence Attar, Louna Billa

Acteurs et actrices : Salomé Ayache, Mama Bouras, Ryad Ferrad, Oumnia Hanader, Antoine Kobi, Clyde Yeguete

Visuel : © @tennysan_

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Gautier Higelin

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