Théâtre
[Festival d’Avignon] Dieu, Ghelderode et la musique : trop gros pari pour « Huis »

[Festival d’Avignon] Dieu, Ghelderode et la musique : trop gros pari pour « Huis »

18 July 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

« L’amour est le seul rempart contre la mort. Ne le laissons jamais dépérir ». Telle semble être la leçon à retirer de Huis (« maison » en néerlandais). Ce spectacle de Josse de Pauw s’apparente en définitive davantage à une cérémonie. A laquelle on aurait aimé être invités à participer. N’ayant qu’à regarder, on s’ennuie vite.

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Dans le Cloître des Célestins, des notes retentissent. Le compositeur Jan Kuijken est sur le plateau, et dirige la partition dont il est l’auteur. A partir d’une console. Ce spectacle signé Josse de Pauw va nous mettre face à du théâtre musical, dans lequel verbe et harmonies sont sensés se mêler.

Deux textes enchaînés, signés Michel de Ghelderode, pour une durée totale d’une heure cinquante. La première pièce courte, du fait de sa simplicité – qui confine parfois à l’insignifiance – fait office de prologue. Problème : les gestes et paroles y sont comme ralentis. Six hommes, dont on ne sait pas trop qui ils sont, voient, à l’extérieur de leur bâtisse, la mort arriver. C’est tout. C’est bien peu pour le traitement dont use Josse de Pauw. Du fait de la musique et du rythme, un côté solennel s’installe. Mais on se sent démunis : le texte est tellement squelettique et compassé (classique schéma présage de mort-peur-confession-attente-sauvetage) que l’action tombe dans un premier degré désarmant. Ni émouvant, ni effrayant… Juste ennuyeux.

« La farce, le burlesque et le grotesque » promis passent quelques minutes, au début de la pièce courte suivante, Les Femmes au tombeau. Cette dernière est bien plus subtile, originale, écrite. Toutes les femmes qui ont connu le Christ devisent avec fracas, enfermées alors qu’il vient d’être crucifié. Mais non seulement le trop long prologue nous a épuisés, mais en plus, les mots de Michel de Ghelderode ne sont pas perceptibles dans leur finesse. La musique est trop envahissante. Et le sérieux reprend le dessus. Le sens, lui, se perd : chaque femme a ses raisons, toutes veulent aller au tombeau… Elles chantent, dansent… Du mal à être touché…

On va le dire : il eût fallu que l’orchestre soit là. Et qu’il joue en direct. C’était là l’unique façon de rendre digeste et touchant ce cérémonial qui, partant d’un matériau riche, n’en transmet pas grand-chose. Et qui ne décolle pas, malgré la beauté du lieu.

Spectacle présenté au Cloître des Célestins.

Les dates de Huis après le Festival d’Avignon : 4 novembre à Tarbes (Le Parvis) ; du 20 au 22 novembre à Villeneuve d’Ascq (La Rose des Vents) ; 28 et 29 novembre à Strasbourg (Le Maillon) ; 14 et 15 avril 2015 à Douai (L’Hippodrome).

Retrouvez le dossier Festival d’Avignon 2014 de la rédaction

Visuels : © Christophe Raynaud de Lage

Visuel Une : © Kurt Van der Elst

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