Théâtre
Faut-il vraiment désespérer de l’espèce humaine ? Le chant du cygne du Théâtre Paris Villette

Faut-il vraiment désespérer de l’espèce humaine ? Le chant du cygne du Théâtre Paris Villette

02 October 2012 | PAR La Rédaction

Benoît Lambert signe un nouvel épisode du feuilleton théâtral qu’il a lancé en 1999, Pour ou contre un monde meilleur. Une comédie qui questionne avec allégresse la pulsion mortifère de l’homme.

A quelques heures de la fermeture du théâtre Paris Villette, le spectacle prend un gout particulier. Patrick Gufflet a d’ailleurs souhaité intervenir brièvement à la fin du spectacle pour rappeler les conditions particulières dans lesquelles la pièce est montée. ll a ainsi rappelé avec Benoît Lambert, son attachement à ce lieu et à ses valeurs et a réaffirmé son engagement à lutter contre la disparition du Théâtre à la Villette, malgré la fermeture du TPV. Il a également tenu à remercier l’ensemble du personnel qui a décidé de continuer de travailler à titre bénévole pour assurer le bon déroulement des représentations de Bienvenue dans l’espèce humaine et de La Mouette, avant d’appeler le public à se mobiliser en soutien au Théâtre Paris Villette le samedi 6 octobre  à 14h.

Sur une scène d’un blanc éclatant, vide, si ce n’est l’écran diffusant le tableau de Bruegel La chute des anges rebelles et deux chaises, deux femmes montent. Vêtues de tailleurs semblables, thermos à la main, elles semblent tout droit sorties de Wall Street. Elles s’avancent, regardent leur public qui ne sera jamais protégé par l’obscurité et commencent à donner vie à un des extraits les plus noirs de Le monde comme volonté et représentation d’Arthur Schopenhaeur. A voir les guerres perpétuelles et pour avoir comparé les affres du malheur à la douceur tiède des instants de joie, comment ne pas penser que la douleur est le seul but de l’existence  humaine, questionnent-elles avec le philosophe nihiliste ? On pourrait croire que le ton est donné. On se trompe. Car les actrices sourient. Et ce simple sourire vient tout décaler. Elles le diront elles-mêmes, elles « ne sont pas là pour remuer le couteau dans la plaie ». Elles entendent simplement « comprendre et proposer ». Les voilà donc parties à l’origine du monde afin de mettre en lumière les racines du mal qui nous ronge.

C’est une sorte de cours magistral qui nous est donné, jonglant entre la théorie de l’évolution, les découvertes anthropologiques et les écrits philosophiques. Le propos est scientifique, savant, aucunement pompeux. Benoît Lambert ne démocratise jamais sauvagement les théories auxquelles il fait appel, mais soudain, un terme déraille, le langage familier fait son entrée dans le discours. Un ressort comique simple mais imparable. Le tableau qui est dressé est tragique mais les actrices sont là pour nous en faire rire. Avec une extrême habilité, Géraldine Pochon et Anne Cuisenier jouent au ping -pong avec leurs répliques. D’un air enjoué, elles viennent à tour de rôle éclairer de remarques décalées les exposés érudits de l’autre. Leur bonhomie rend tout supportable, jusqu’à ces comparaisons parfois poussées aux limites du politiquement correct. Après tout, ça aurait pu être pire, avec sa créativité en terme d’atrocité, l’espèce humaine aurait déjà du disparaître…

 

Aïnhoa Jean-Calmettes

 

 

Visuel :(c) Vincent Arbelet

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La Rédaction

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