Théâtre
Des journées entières dans les arbres : Duras dépassionnée

Des journées entières dans les arbres : Duras dépassionnée

11 February 2014 | PAR Christophe Candoni

Porté sur les planches de la Gaîté Montparnasse, Des journées entières dans les arbres de Marguerite Duras mis en scène par Thierry Klifa semble à peine survolé malgré la présence irradiante de la comédienne Fanny Ardant dans le rôle d’une mère trouble et fusionnelle.

[rating=3]

Même bavard et daté à bien des égards, le texte de la romancière Marguerite Duras relatant les retrouvailles entre une mère mourante et son fils après une longue séparation de cinq années avait largement de quoi intéresser et même émouvoir.  Elle revient des colonies où à la tête d’une fructueuse entreprise, elle a fait fortune. Elle veut revoir son fils préféré qui vit modestement à Paris avec une jeune prostituée, insuffisamment instruite, à peine jolie. Ils travaillent tous les deux dans une boîte de nuit miteuse.

La chicissime Fanny Ardant, toute en vivacité éclatante, paraît par moment bien trop doucereuse pour restituer la force et la démesure de cette mère-monstre, exclusive, dévorante, vénéneuse qu’elle ne limite qu’à une folie surfaite et apprêtée. Face à elle, Nicolas Duvauchelle, le bad-boy du cinéma français, offre une belle interprétation, à la fois brute et tendre, mais trop en creux, sans le côté flambeur du personnage.  Le couple central de la pièce dégage néanmoins un certain magnétisme.

Le spectacle ne donne que trop peu accès à la véritable âpreté du propos, à la transgression, la fêlure, la complexité contenues dans son intrigue. Sa restitution banalisée flirte avec le feuilleton mélo à la trivialité pesante alors que le quotidien décrit par Duras est vécu avec une réelle violence. C’est donc d’un manque d’intensité dramatique que pâtit sa représentation plate et inoffensive. Le metteur en scène cherche à enjoliver les choses avec un casting ultra-glamour. Cela ne peut fonctionner car l’auteure du Barrage contre le Pacifique ou de L’Amant se situe elle aux antipodes de la séduction facile, d’où le sentiment d’une rencontre ratée entre Duras et Klifa.

 © CAROLE BELLAICHE

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Christophe Candoni
Christophe est né le 10 mai 1986. Lors de ses études de lettres modernes pendant cinq ans à l’Université d’Amiens, il a validé deux mémoires sur le théâtre de Bernard-Marie Koltès et de Paul Claudel. Actuellement, Christophe Candoni s'apprête à présenter un nouveau master dans les études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle (Paris III). Spectateur enthousiaste, curieux et critique, il s’intéresse particulièrement à la mise en scène contemporaine européenne (Warlikowski, Ostermeier…), au théâtre classique et contemporain, au jeu de l’acteur. Il a fait de la musique (pratique le violon) et du théâtre amateur. Ses goûts le portent vers la littérature, l’opéra, et l’Italie.

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