Théâtre
Dernière Démarque au théâtre Les Déchargeurs : un trio de chanteuses saltimbanques déjantées !

Dernière Démarque au théâtre Les Déchargeurs : un trio de chanteuses saltimbanques déjantées !

24 September 2013 | PAR Camille Hispard

Un spectacle qui propose un melting pot déglingué de la chanson française, fusionnant des chansons de music-hall, musique classique ou moderne, avec une ingéniosité et une inventivité absolument fabuleuses.

téléchargementDernière Démarque ce sont trois bouts de femmes comme trois essences d’une même saveur, uniques et complémentaires qui décortiquent de leurs voix langoureuses et malicieuses les nombreuses facettes de la chanson française. Une trinité sensuelle et harmonieuse pour trois voix aux grains atypiques et incroyablement fusionnels. Ici, on s’échange les fringues comme on échange des mots, des notes, qu’on se jette, se susurre, ou se gueule au visage. On passe d’une histoire à une autre comme un grand conte de toutes ces chansons qui sont des vies, des souvenirs, des êtres à elles seules.

On vogue de Clarika à Piaf en passant par Nougaro, Ferré ou Les Frères Jacques avec une fluidité et une richesse dans la mise en scène qui capte instantanément l’attention du spectateur, sans jamais le lâcher. La précision du trio, tant dans la qualité des harmonies que dans l’occupation de l’espace est remarquable. Aurore Bouston, Marion Lépine et Anne Thomas nous font traverser les grivoiseries de la Belle Epoque, les salons enfumés des cafés-concert et les scènes déchainées des plus belles heures du music-hall avec une légèreté et un humour décapant.

Anne Thomas, la pianiste aux doigts vertigineux est d’une folie douce hilarante et impressionne à travers la subtilité de son jeu. Puis, elle devient accordéoniste de comptoir qui anime des vieilles chansons perdues qui sentent la lavande d’une campagne oubliée. De ses mains volubiles, elle parodie publicités et airs d’opéra dans un grand bordel organisé, sautant d’une note à l’autre. Les résonnances d’un air rebondissent sur une autre mélodie, au rythme des pitreries de notre maestro qui provoque des crises de fou rire dans le public.

Marion Lépine et Aurore Bouston continuent leur partition, dévoilant les chansons petit à petit, comme on détricote un pull et s’enfonçant peu à peu dans la mémoire sonore de chacun. C’est un grand et beau dialogue en chanson qu’elles nous donnent à voir, sublimées toutes deux par une complicité scénique et musicale troublante. Avec un second degré débordant, ces deux divas se donnent à fond, semblant s’amuser comme des enfants qui se déguisent, tout en restant dans une précision de mise en scène absolue. Une maitrise du corps et de la voix qui conquit le public qui rit de plus en plus et sans pudeur. Car la qualité de ce spectacle, c’est qu’on se fait embarquer avec douceur, pour finir par s’abandonner totalement, tant l’humour est subtil et décomplexé.

Des femmes gouailleuses aux femmes brisées en dévoilant aux récits quelque peu coquins, on vit cette grande ballade avec délice, se laissant porter par ces trois boules d’énergie flamboyante.

On perçoit à travers ces moments d’une drôlerie incroyable, des failles tragiques qui pourraient parfois être plus assumées tant la nuance est belle.

Ce spectacle traverse les chansons et les époques usant de toute la place qu’une scène offre à ses artistes. Et les trois artistes se déploient avec élégance et grâce, distillant trois voix singulières qui nous explosent en pleine face, rafraîchissantes et réconfortantes. Un petit bijou à voir très vite !

Visuel (c) : Affiche.

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Camille Hispard

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