Dernière ce soir : la danse avec la mort de Steven Cohen
L’immense performeur Steven Cohen nous offre son dernier chef d’œuvre« Golgotha » jusqu’au 7 novembre au centre Pompidou en réaction au suicide de son frère. Dernière en live ce soir à Beaubourg.
Le performeur Sud Africain, blanc, homosexuel et juif réalise depuis 1997 des performances radicalement perturbatrices, s’exposant – souvent de manière impromptue, voire importune – aussi bien dans des galeries, des musées ou des salles de spectacles que dans des lieux moins homologués (champs de courses, centres commerciaux, rassemblements fascistes).
Plateau blanc, grand écran, au sol une immense croix kitschissime , deux costumes de ballets brodés et sculptés dont les miroirs incrustés sont aiguisés comme des armes.
Vidéo, plan serré. On découvre, d’abord sur écran le détail du costume et du maquillage papillon de l’artiste. Quelques minutes plus tard, des mains glissent et forcent une matière blanche. Le monde vient d’être créé, et déjà, les premiers morts…Steven Cohen entre en scène, en noir, sublime Drag Queen au maquillage plasticien, tendre et triste princesse des temps modernes.
S’en suit une danse sous forme de performance qui vise à “trouver une danse dans l’intervalle laissé vacant entre l’amoralité du commerce : tout s’achète même les os, et les rituels de la mort”. Tout se filme aussi, en témoignent les passants pressés de Wall Street qui ne regardent cette créature sur Plateform Shoes à crânes humains, qu’à travers leurs écrans de téléphones. Tout se filme, rien ne surprend, même pas d’acheter des phalanges à 29 dollars.
L’intérêt majeur de Golgotha est l’alliance d’une extrême finesse, celle du papillon, à l’extrême violence, celle de la vue d’un homme qui meurt sur la chaise électrique. Steven Cohen remet le tabou-mort au centre de la cité, il offre à son frère son propre rituel de deuil, nous faisant entendre le kaddish d’une manière peu orthodoxe pour dire à quel point cette perte est injuste.
Chef d’œuvre.
Golgotha, de Steven Cohen. Festival d’Automne, Centre Pompidou, Paris, 4e. M° Rambuteau. Tél. : 01-53-45-17-17. Jusqu’au 7 novembre, à 20 h 30. De 10 € à 14 €.
Puis en différé pendant six mois sur arteliveweb.com
Voici un extrait d’une partie spectacle de Steven Cohen, “Chandelier”, performance qui a eu lieu dans les décombres d’un bidonville à Johannesbourg:
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