Théâtre
“Darling”, les naufragés de l’au-delà de Ricci/Forte

“Darling”, les naufragés de l’au-delà de Ricci/Forte

25 March 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Mais qui sont ces dieux et cette déesse qui nous amusent autant qu’ils nous ennuient ? Darling est un phénomène signé du duo italien Ricci/Forte. Ils provoquent une relecture très en distance de l’Orestie d’Echyle, à voir lors de l’édition désormais lancée du Standard Idéal, cette année et pour sa dixième édition, hors les murs.

[rating=3]

Dans un non lieu digne d’un plateau de scène de crime pour série policière américaine, une benne gît là. Bientôt, trois beaux gosses (Giuseppe Sartori, Piersten Leirom, Gabriel Da Costa ) et une princesse (Anna Gualdo ) débarqueront. Aucun conte de fée ici, ce monde-là est cynique à souhait. On y dresse des vautours invisibles, on survit sur Facebook et on danse comme des choristes de Lady Gaga.

Actualiser la tragédie pour Stefano Ricci et Gianni Forte cela semble vouloir montrer à quel point les thèmes qui agitaient Eschyle en -458 fonctionnent : haine des frères, des sœurs, désirs de meurtres, désirs tout court. “Tu crois vraiment qu’ici c’est l’Olympe” ? Effectivement, ce paradis-là n’est pas accueillant malgré l’entente cordiale assez sartrienne du quatuor des excellents comédiens-performeurs

Dans une dramaturgie qui suit le fil des oppositions, on plonge dans les tourments verbeux et assourdissants de ces êtres ravagés de douleur. Des tubes comme “Star way to heaven” viennent glisser sur des scènes ardues. Du jazz calme une baston.  Darling ( hypothèses pour une orestie) est un cri qui hurle trop fort souvent mais qui nous rattrape toujours, comme si nous aussi nous étions assis au-delà du bord du monde. Les références sont légions ici, on y suggère Jacob autant que Narcisse ( toujours la même histoire au fond) . Nous sommes également pile dans la grammaire de Ricci/ Forte qui déjà dans  Immitationofdeath en 2013 dans le même Standard idéal collait l’image de la décharge à une playlist réjouissante.

La tragédie est pourtant ici très loin d’être antique. On est post Shoah, post Hiroshima ici. L’humanité de l’après destruction si elle le désire doit se reconstruire, et cela se fait par un double jeu de clonage et relecture des mythes.  Il y a du très bon ici, mais il y a malheureusement une volonté d’associer à la fois un théâtre d’images, percutant, à une démonstration verbale trop lyrique qui lasse sur la durée.

Visuel : ©Pietro Bertora

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