[Critique] Haine cordiale, “Les Stars” de Neil Simon / Pierre Laville au Théâtre Saint-Georges
Vingt-cinq ans après avoir joué dans Duo sur canapé de Marc Camoletti au théâtre Michel, et vingt-six après avoir formé un Drôle de couple dans la pièce du même nom de Neil Simon au Théâtre Saint-Georges, Daniel Prévost et Jacques Balutin se retrouvent au Saint-Georges dans Les Stars, une autre pièce du même Neil Simon. Un spectacle de facture classique et sans grande surprise, mais plutôt agréable, drôle et bien rythmé.
[rating=3]
Deux inconciliables devant l’Eternel qui doivent ne serait-ce que simuler la réconciliation pour leur intérêt commun – en l’occurrence ici deux acteurs comiques qui doivent reformer leur duo et refaire leur fameux sketch “La visite chez le Docteur” après ne s’être pas parlés durant onze longues années ? Le concept n’est pas inédit, mais il alimente sans peine une pièce d’1h40 et donne lieu à des situations souvent fertiles.
La pièce s’attarde parfois un peu trop longuement sur certains gags – la porte qu’on n’arrive pas à ouvrir, le “Qu’est-ce qu’est” prononcé par Willie Clarke au lieu du “Qui est là ?” prévu, les reproches faits par Clarke à son vieux compagnon d’armes Ted Lewis en ce qui concerne les postillons et les coups véhéments de doigt. Le type du grincheux qui sans cesse rumine oblige certes aussi à un certain rabâchage.
Il n’empêche que, sur la peinture d’acteurs en fin de course, qui sont has been ou qui tentent un come-back, la pièce de Neil Simon s’avère efficace et assez juste. L’un s’est retiré à la campagne et assume sa retraite, l’autre joue aux starlettes, mais tous les deux sont devenus, dans Hollywood, des denrées périmées. Ils se sont clairement fossilisés, et la prétendue starlette Willie Clarke n’arrive même pas à décrocher un “rôle” pour une publicité sur la mousse à raser – sa main tendant à trembler durant l’audition.
Puis, il y a deux grands acteurs. Daniel Prévost, souvent jouissif dans son registre de Papy opiniâtrement teigneux, et Jacques Balutin, à la très belle voix noble et altière qui bénéficie en plus de l’effet d’une apparition retardée, connaissent en effet leur métier, et exploitent les situations qui leur sont données à jouer avec autant de gourmandise que de précision. On remarque aussi le très bon Benjamin Boyer en neveu et agent artistique plus que dévoué de Willie Clarke. Les Stars s’impose en somme comme un divertissement tout à fait honnête, et l’on passe sans conteste une très sympathique soirée.
Crédits photos : Fabienne Rappeneau.
Les Stars au Théâtre Saint-Georges. D’après The Sunshine Boys de Neil Simon. Mise en scène de Pierre Laville. Avec Daniel Prévost, Jacques Balutin, Benjamin Boyer, Bérengère Gallot.
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TURCAUD Marie
une critique parfaite !