Théâtre
“Cowboy mouth” : Marie Barraud et Cali dans un rock halluciné à la Gaité Montparnasse

“Cowboy mouth” : Marie Barraud et Cali dans un rock halluciné à la Gaité Montparnasse

19 February 2014 | PAR Yaël Hirsch

Depuis le mois dernier, l’ambiance à la Gaité Montparnasse est très rock’nroll : Cali et Marie Barraud reprennent le flambeau de Sam Shepard et Patti Smith dans une adaptation française de la pièce écrite par les deux monstres sacrés américains en 1971. Hystérique, hallucinée, Cowboy mouth hurle à la lune une recherche de transcendance complètement hallucinée qui parvient à nous faire rire comme des fous dans un hoquet tout à fait libératoire.

[rating=2]

cowboy mouthCavale (Marie Barraud) a enlevé Slim (Cali), père de famille, et le retient prisonnier dans une chambre d’hôtel où elle tente de le convaincre de devenir une rock-star mythique et donc un sauveur pour le 20ème siècle. Tombé amoureux de son ravisseur, Slim tente de jouer le jeu, et demande à Cavale de lui raconter les grands poètes romantiques français. Parfois, il se rebiffe dans la chambre d’hôtel, contre son lourd destin de rocks star. A temps, Cavale sort aussi de sa vision pour son otage et raconte les vexations passées qui l’ont portée aux limites de la raison.

Pari difficile pour Marie Barraud et Nicolas Tarrin que d’adapter un texte difficile à appréhender : peut-être faut-il être un peu perché pour saisir le sens de ce message halluciné et révolté ? Si le sympathique Cali demeure un excellent chanteur, Marie Barraud, elle, déploie une énergie folle à rassembler les multiples personnalités de Cavale. Dans le joli décor qui respecte la chambre du Chelsea hotel où Shepard et Smith s’étaient enfermés pour écrire la pièce en un jet, l’hystérie prend toute la place pendant 1 heure. Elle parvient à travailler les nerfs du spectateur et le mènent à un point de rupture où tout à coup une sorte de bouffée de surréalisme vient emporter la pièce vers d’autres horizons. Avec un accent mi-anglais, mi-perpignanais, Cali fait appel à un tiers transcendant sortant le couple de son enfer. Il saisit son téléphone pour appeler “Monsieur Lobster”. Alors apparaît sur scène un immense homard bleu mutique et statique, qui fait face au public, lui révélant que le couple ne l’a jamais regardé. d’ailleurs, la ravisseuse et son rocker entonnent pour eux-mêmes une chanson composée par les soins de Cali. Un flingue se balade, l’hystérie continue mais elle n’est plus aussi oppressante car un fou rire libératoire gagne la salle, qui explose littéralement en même temps que la carapace du homard, révélant le beau Andrey Zouari en chemise Lavallière d’un blanc immaculé. On sort de la pièce comme d’un trip à l’acide, à la fois soulagés d’être rescapés de l’absurde et ayant l’impression d’avoir fait un très grand voyage aux confins du rock et du grand océan peuplé de homards…

Cowboy Mouth, de Sam Shepard et Patti Smith, mise en scène : Nicolas Tarrin, avec Marie Barraud, Cali, et la participation d’Andrey Zouari, durée du spectacle : 1h30.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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