Chronique d’une haine ordinaire ou Pierre Desproges à deux

Chronique de la haine ordinaire c’est un melting pot des textes de Pierre Desproges devenant un texte de virtuose joué par deux actrices de renom.

Quel plaisir d’entendre pendant 1h30 s’enchainer les textes de Pierre Desproges. Certes,  vous ne retrouverez pas la puissance de sa diction et son cynisme monumental, mais l’effort fourni par les deux actrices pour nous jouer  ce phénomène reste très intéressant. Les textes brossent bien l’univers de Pierre Desproges, le metteur en scène essayant ici de nous montrer une large palette de son œuvre.

Ce n’est pas la première fois que Christine Murillo et Dominique Valadié jouent ensemble, en effet elles se prêtent à l’exercice depuis 1986. Ce spectacle constitue leur vingtième rencontre. Leur jeu s’en ressent et c’est agréable car pour incarner un homme à deux il vaut mieux bien se connaître. Elles collectionnent les prix avec entre autre un Molière de la Meilleure Comédienne pour chacune. La relation à Deproges est soulignée par la présence de Dominique Valadié qui fut sa partenaire dans l’inoubliable Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède de 1982 à 1984.

La mise en scène est intéressante mais malheureusement personne ne peut interpréter Desproges comme Desproges le fait. Elle sont à deux sur scène pour imiter les deux parties d’un homme, comme si le metteur en scène avait voulu exposer les contradictions de Desproges qui se dit lui-même « névrosé et psychotique », mais si lui y arrive seul pourquoi avoir besoin de deux personnages ?

Ajoutons un léger bémol sur l’enchaînement des textes. On passe de manière assez abrupte du Stand Up au jeu plus classique parfois sans vraiment de lien, et les puristes n’apprécieront pas certaines coupures effectuées. Peut-être qu’avec un peu plus de rodage la pièce coulera plus de source et perdra moins son public.

C’est un bon spectacle, si vous connaissez quelqu’un qui ne connaît pas ou peu Desproges n’hésitez pas à l’y emmener.

Nethanel Cohen Solal