Théâtre
“Chatting with Matisse”, une idée de génie qui s’enlise

“Chatting with Matisse”, une idée de génie qui s’enlise

12 March 2015 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Pour une idée, c’est une idée de génie. Il s’agit ici de faire ce que les psychanalystes américains nomment du reactment. Refaire vivre une conversation oubliée pendant 70 ans entre Henri Matisse et Pierre Courthion, cela, dans la salle Matisse du MAM. Un rêve qui s’avère trop douillet pour nous secouer.

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Il y a le lieu magique, être là assis, entre Buren et Matisse, regarder La Danse (1932) qui lorgne sur les lignes. Il y a au centre une longue table qui nous amène plus dans les belles salles de la Bibliothèque de l’Arsenal qu’à une séance de discussion. Eric Vigner a resserré des heures d’entretiens entre le peintre en convalescence et le critique d’art Pierre Courthion. Nous sommes en 1941, Matisse a 72 ans. Les discussions auraient du être publiées et illustrées par Matisse mais l’idée est tombée à l’eau. C’est très récemment, lors du legs des archives de Pierre Courthion que le dialogue ressort des oubliettes, publié pour la première fois par la Tate Publishing en 2013.
Le directeur artistique du CDDB-Théâtre de Lorient offre une mise en scène sous la forme d’une lecture assez classique. Face à face, chacun au bout d’une longue table, ils se parlent. Agathe Bonitzer est Pierre Courthion, Jean-Michel Ribes est lui Matisse. S’ensuit une heure au rythme peu soutenu où les mots se perdent dans l’écho de la grande pièce. On s’accroche alors pour entendre Matisse parler de son rapport à l’art vivant, il a travaillé avec Serge de Diaghilev dont la musique du Sacre retentit ici. On l’entend s’interroger sur son rapport à la couleur, utilisée brute. “La couleur c’est celle du tube”. Mais aussi évoquer les doutes :” si on ne me comprend pas c’est que je n’ai pas assez été clair”.
La lecture manque ici de rondeur et reste sur une forme linéaire. Les visages sont tendus, les yeux souvent trés collés au texte. Dommage, l’idée est belle mais le jeu se fait ici monocorde, n’arrivant pas à nous captiver.
Visuel © Boris Lipnitzki / Roger-Viollet

INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS : 02 9783 0101 – [email protected]

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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