Théâtre
Céleste, ma planète – L’adaptation théâtrale qui sensibilise à l’écologie

Céleste, ma planète – L’adaptation théâtrale qui sensibilise à l’écologie

10 December 2022 | PAR Camille Curnier

La Compagnie des Hommes revient une nouvelle fois pour présenter une adaptation inédite du roman de Timothée de Fombelle Céleste, ma planète. Au petit théâtre Dunois, Didiez Ruiz met en scène un monde dystopique où le récit d’un amour naissant se dessine. Destiner à un jeune public, cette pièce met en lumière les différents enjeux écologiques auquel nous faisons face dans notre société. 

L’histoire d’amour qui se fait combat écologique

“La première fois qu’elle m’a embrassé, nous étions suspendus à des câbles avec des hommes à nos trousses”.   Alors qu’il n’avait que 6 ans, le jeune garçon prend la décision de ne plus tomber amoureux. L’amour difficile dans les yeux d’un enfant qui ne comprend pas pourquoi sa poitrine chauffe lorsqu’il aime et pourquoi cette chaleur disparaît brutalement lorsque cet amour redevient stérile. Aujourd’hui adolescent, le narrateur, dont on ne connaît le nom, est un jeune garçon délaissé par sa mère. Dans une ville sculptée par des tours en verres et des fumées épaisses de pollution, il s’échappe de la réalité en jouant du piano et en dessinant des cartes du monde sur les murs.

Céleste, ma planète nous embarque dans un futur plus proche que l’on ne pourrait imaginer. Un monde rongé par la pollution et mis à mal par le développement déraisonné des civilisations. Les individus s’entassent et se contentent d’une vie orchestrée tandis que les plus aisé·e·s s’abandonnent dans la solitude d’une réalité idéalisée et erronée. “Je n’ai jamais eu de portable, si j’étais un chien, je n’aurais pas de laisse”.  Le jeune garçon rêve d’aventures et de liberté, pourtant, il se retrouve écrasé entre ces écrans et technologies qui gouvernent sa ville.  

Il avait décidé de ne plus être amoureux, pourtant, un matin, elle est apparue dans l’ascenseur qui menait à l’école. Céleste habitait tout en haut de la tour 330, une étrange tour où les voitures étaient rangées comme sur des cintres. Alors qu’il tente de la retrouver, il s’aperçoit que celle-ci est atteinte d’une grave maladie. Sur son corps se dessinent des continents, des forêts et des rivières sous forme de taches sombres. La maladie dont céleste souffre est en fait la maladie de la Terre. Son corps change, chaque coup porté à la planète, chaque dégât que celle-ci subit, est également porté à Céleste. Allégorie de la maltraitance de notre écosystème, le personnage de céleste devient ainsi la désertification de l’Afrique ou encore la fonte des glaciers de l’Arctique.

Notre jeune narrateur se lance alors une course pour sauver le monde, incarné par cette jeune fille dont il est amoureux. Mais comment sauver quelqu’un dont la vie n’est pas suspendue à l’attention d’un médecin, mais aux actes de plusieurs milliards de personnes? Alarmé par la situation, il tente désespérément d’avertir les autres de sa découverte, mais va se heurter à la réalité d’un monde où les injustices mènent la danse et où seul l’argent est roi. Comme chez nous,  les premières victimes d’une prise de conscience écologique sont évidemment les entreprises polluantes bien trop souvent également structures influentes de nos société. Céleste, ma planète met en exergue les enjeux d’un monde corrompu par la performance économique et où la considération environnementale passe au second plan. On se questionne alors sur le personnage de céleste. Si la planète était une humaine, trouverait-on un moyen de la soigner où continuerions-nous d’ignorer ses appels à l’aide?

 

Une adaptation réussie qui retransmet les valeurs de son auteur

Céleste, ma planète est une adaptation du roman jeunesse de Timothée de Fombelle, mis en scène par Didier Ruiz pour La Compagnie des Hommes. L’œuvre du romancier est un véritable coup de cœur pour Ruiz, passion qu’il retransmet à merveille dans cette adaptation théâtrale tant dans l’esthétique que dans le jeu.  Un décor simple est planté sur le plateau et qui pourtant nous suffit à être projeté·e·s dans l’histoire. Dans Céleste, ma planète, le public fait face à un écran blanc sur lequel sont projetées des images et vidéos devant et derrière lequel les comédien·ne·s jouent. Ces images animées signées Lucien Aschehoug et Aurore Fénié se multiplient au long des scènes pour laisser apparaître le décor d’une ville futuriste et dystopique. Avec des jeux de lumières et de pliage, cet écran devient un immeuble, un ascenseur, ou encore une fenêtre au travers de laquelle deux comédien·ne·s se parlent.

Céleste, ma planète n’est seulement que le second spectacle que Didier Ruiz met en scène pour un jeune public. Après avoir adapté Polar Grenadine du roman d’Irina Drozd Un tueur à ma porte, il décide donc de reproduire l’expérience avec cette fois-ci une œuvre de Timothée de Fombelle. Pari réussi pour le metteur en scène, puisque la pièce, en plus d’être belle visuellement, est parfaitement adaptée à la compréhension des plus jeunes de la salle. La narration est brillamment effectuée et nous plonge efficacement dans le monde du romancier. Même si après le spectacle les enfants semblent plus impressionné·e·s par les changements de costumes et les chansons introduites dans la pièce que par le jeu en lui-même, la morale et la réflexion écologique derrière cette mise en scène semble être passée.

visuels (c) Emilia Stéfani-Law

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Camille Curnier

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