Théâtre
Barzoï, une création du Mustang Collectif aux Déchargeurs

Barzoï, une création du Mustang Collectif aux Déchargeurs

17 February 2023 | PAR Margot Wallemme

Zapata est parti, Zapata n’est plus là, Zapata est mort. L’histoire de Barzoï est simple, le chien est mort. Mais comment l’annoncer au reste de la famille ? La pièce nous amuse en sondant le rapport à la mort de manière déjantée. Le texte presque intime de Gabriella Rault et Aurélien Fontaine vient caresser les émotions des comédiens. On se sent concerné, on se fait l’écho des sentiments transmis par les personnages. L’atmosphère flottante s’équilibre avec les rires, c’est une pièce vraiment réussie.

 

Comment dire ? 

La première étape est de parler de la mort de Zapata, comment faire, comment dire ? Paul se barde, ne laisse pas s’exprimer la tristesse et pense d’abord à son devoir : l’annoncer à son frère, sa sœur et son père. Mais ce n’est jamais le bon moment. Surtout, on ne veut pas l’écouter. Comment parler à celui qui ne veut pas entendre ? Pour se protéger, son frère trouve dans les mots de Paul une autre explication, Zapata est parti, il a été enlevé, kidnappé, toutes les excuses sont bonnes pour contourner la fatalité de la mort. 

Si la réflexion menée par le Mustang Collectif peut sembler profonde et lourde, elle est cachée derrière une légèreté des mots dans des situations qui deviennent de plus en plus loufoques. Nous rions des quiproquos, de l’absurdité des attitudes, des scènes, d’une certaine perte de rationalité des personnages. Et c’est le rire du spectateur qui met finalement en valeur l’importance de la communication induite par Gabriella Rault et Aurélien Fontaine. 

 

Que ressentir ? 

Chacun se rejette la sensibilité, l’un est jugé fragile, l’autre trop rigide, car personne ne s’écoute soi-même. La situation devient chaotique, les malentendus se succèdent. La pièce prend une tournure burlesque, mais les personnages ne sont pas fous. Ils ne savent juste pas comment s’exprimer, comment ressentir cette pénible tristesse. Que l’on soit proche ou non de l’être décédé, la mort nous concerne et nous perturbe tous. Parent, animal, voisin ou inconnu, un être disparu est toujours un corps sans vie, et l’on ne sait que faire face à cela. 

Il existe bien sûr des protocoles pour deuiller le défunt, des cérémonies funèbres qui nous soulagent. On organise des funérailles, on jette des fleurs et chante des chansons. C’est cela que l’on doit faire. Mais que doit-on ressentir ? Doit-on pleurer, ne pas pleurer ? Que font les autres ? 

Alors on cherche des exemples, d’abord chez nos proches. Est-ce qu’un papa pleure ? Est-ce qu’on l’a déjà vu pleurer ? Si la figure que l’on prend comme référence n’a jamais ouvertement exprimé ses sentiments, comment savoir ?

“On pleure pas dehors mais dedans.” 

 

Une première création vraiment réussie

Barzoï est la première production du Mustang Collectif à qui l’on souhaite une belle suite. Leur performance est compète et intéressante, les comédiens utilisent l’espace de la scène et de la salle de manière intelligente, le décor est simple et suffisant. On rit, on s’interroge, on se projette dans leur histoire. Les acteurs jouent ensemble sur un niveau de sensibilité intéressant, derrière des caractères qui savent susciter le rire. 

Le Mustang Collectif va entamer sa quatrième et dernière semaine aux Déchargeurs, la salle est comble tous les soirs, le succès est mérité. 

Barzoï, c’est jusqu’au 25 février au théâtre Les Déchargeurs, ne tardez pas à réserver vos places ! 

 

Jeu : Nusch Batut Guiraud, Aurélien Fontaine, Léa Negreira, Peter Sfeir, Milo Taft 

Texte : Gabriella Rault et Aurélien Fontaine 

Mise en scène : Gabriella Rault 

Collaboration artistique, lumières : Coriane Alcalde

 

Visuel : © Gabriella Rault

Pharrell Williams : nouveau directeur artistique de Louis Vuitton
« Dictionnaire amoureux de la franc-maçonnerie » d’Alain Bauer : une pierre brute
Margot Wallemme

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration