Théâtre
[Avignon Off] Voyage en « Constellations » mouvantes et subtiles

[Avignon Off] Voyage en « Constellations » mouvantes et subtiles

16 July 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

Découvrir une écriture, voir à l’œuvre deux excellents comédiens : le spectacle d’Arnaud Anckaert, présenté à la Manufacture, permet cela. Science, mort et amour réunis dans une pièce où plusieurs vies peuvent être vécues en une seule. Vous qui rêvez, observez donc l’effet produit sur les deux protagonistes.

[rating=4]

Constellations 2Mary et Roland se rencontrent à un barbecue, mettent un peu de temps à coucher ensemble, ont une relation compliquée, se séparent, se revoient, se demandent en mariage… On apprend que Mary, qui avait déjà perdu sa mère, est gravement malade… Tout ceci, dans Constellations, se trouve narré sous une forme fragmentaire et déconstruite. Les temporalités se mélangent : une action se déroule et est immédiatement envisagée différemment. Ou alors, les mots sont tout de suite répétés. Comme si les formulations devaient être précisées. L’auteur, le jeune Nick Payne, « a écrit cette pièce pour se consoler de la mort de son père », explique Arnaud Anckaert. La vie humaine est placée dans le prisme de l’infini. Et tout peut, dans le même moment, être son contraire.

Ce qu’on sait, par contre, c’est que Mary étudie la vie des étoiles. Et que Roland est apiculteur. La science s’invite dans les dialogues : la communication prend la forme de raisonnements. Et lentement, l’action – ou les multiples actions – décollent du sol. Le décor en bois, uni, présentant juste un banc et deux fentes pour des sorties qui ne se font pas, nous amène à imaginer les lieux dont parlent les protagonistes. Ou pas. Avec ces Constellations, on prend part au spectacle. On en est une part, de ce tout.

Il faut suivre : les changements de temporalité, les phrases répétées… Ou alors s’abandonner totalement. Peut-on arriver quelque part ? Parfois la pensée exprimée semble tortueuse et l’émotion se perd. Mais Noémie Gantier et Maxence Vandevelde, admirablement dirigés, nous rattrapent le plus souvent. Car si le texte décolle, eux restent à sa hauteur. Ils n’en font pas trop. Ce qui leur permet de traverser une multitude d’états, parfois très vite, sans perdre en justesse. Aériens, drôles, puis tout à coup durs, ils font passer la poésie de la pièce. Et nous permettent, si on l’accepte, de les suivre dans ses mystères. Voulez-vous vous perdre ? Ou fabriquer votre propre récit ? Cette constellation peut être la vôtre. Visitez-la : elle vous parlera à coup sûr.

Retrouvez le dossier Festival d’Avignon 2014 de la rédaction

Visuels : © Théâtre du Prisme

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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