Avignon OFF, Macbeth porte bonheur à William Mesguich dans une version ramassée de la célèbre pièce écossaise.
Créé pour le Mois Molière à Versailles cette adaptation de la célèbre pièce de Shakespeare mise en scène par Anthony Magnier est un Macbeth volcanique. William Mesguich y défend le rôle titre en restituant la violence du personnage et la force aiguisée du propos. C’est beau et brutal.
L’histoire est celle d’une prédestination. Trois sorcières, ici remplacées avec bonheur et esprit par un seul personnage, magique et truculente sorcière-narratrice, prédisent un destin glorieux à Macbeth. Celui-ci deviendra sous la volonté de sa femme, Lady Macbeth, un régicide malheureux que la culpabilité et la paranoïa emporteront. L’écriture d’Antony Magnier choisit le personnage de Macbeth comme centre de gravité de l’ensemble. Au sein d’une scénographie volontairement épurée William Mesguich incarne ce centre de gravité, dans les deux sens du mot. Le comédien au prénom prédestiné réussit ce qu’il avait déjà fabriqué en 2013 avec son Hamlet mise en scène par Daniel Mesguich. Il donne corps à la prose de Shakespeare en cela qu’elle modifie lentement le héros. L’expérience du spectateur est la kinesthésie de l’acteur qui nous place dans le texte même. Notre attention est de fait convoquée et c’est épuisés de bonheur que de façon soutenue nous applaudissons la performance.
Dans le rôle de la sorcière qui est à la fois narratrice et maître de cette cérémonie funèbre, Sandrine Moaligou est épatante d’érotisme et de drôlerie. Elle nous soulage à chacune de ses apparitions de la ténébreuse tragédie et offre une respiration joyeuse et nécessaire à notre concentration.
Lady Macbeth est incarnée par une merveilleuse Nathalie Lucas qui affronte et soutient la complexité du personnage, et le talent de William Mesguich! Lors d’un dialogue joué dans la salle même entre les deux comédiens, elle nous fait témoins et complices de ses desseins sanglants, elle rend publique son harangue macabre contre son mari. Le moment est électrique. Julien Renon, Axel Hache et Victorien Robert finissent de garantir la virtuosité de l’ensemble. Ajoutons que les costumes accompagnent le geste esthétique.
Ce Macbeth ramassé est une légitime proposition pour le festivalier qui cherche son plaisir et qui vivra toute la force Shakespearienne en 1H20.
Macbeth
d’après William Shakespeare
Mise en scène d’Anthony Magnier
Compagnie Viva (en résidence à Versailles)
Serge Paumier Production
Avec Axel Hache, Nathalie Lucas, William Mesguich, Sandrine Moaligou, Julien Renon et Victorien Robert
GÉMEAUX (THÉÂTRE DES)
10 rue du Vieux Sextier
84000 – AVIGNON
17h50
durée 1h20
Salle des Colonnes
du 5 au 28 juillet
Crédit Photos DR