Théâtre
[Avignon Off] “La Dernière Idole”, histoire de célébrité mystérieuse, à la fois simple et éclatante

[Avignon Off] “La Dernière Idole”, histoire de célébrité mystérieuse, à la fois simple et éclatante

07 July 2016 | PAR Geoffrey Nabavian

Un voyage aux apparences simples, qui nous transporte dans un ailleurs incertain : cette nouvelle création du Groupe ACM, épaulé par le talent de Pierre-François Garel, accroche.

[rating=4]

Dossier presse Avril 16Un monologue mystérieux et fragmenté, un comédien parmi les plus doués du théâtre français actuel, et l’envie d’interroger quelque chose de la célébrité : voilà la formule de La Dernière Idole, spectacle d’Émilie Vandenameele et Hélène François, qui forment ensemble le Groupe ACM. C’est un spectacle narratif cabossé, une sorte de rêverie toute simple, toute concrète, où les effets de mise en scène se font discrets, laissant une longue table occuper l’espace, avec sur elle d’innombrables assiettes sales qui sonnent, et d’innombrables verres remplis qui frémissent, comme de vrais comédiens.

Un homme, une star, tourne et retourne autour de ce festin dont on ne voit que les restes. Il est en bon état, pourtant : la trentaine, cheveux clairs, corps mince. Il a les traits de Pierre-François Garel, acteur qu’on a vu et aimé dans Salle d’attente, Les Serments indiscrets et la Phèdre de Christophe Rauck, ou récemment dans Qui a peur de Virginia Wolf ? monté par Françon. On adore le retrouver : sa voix intense accroche toujours, les histoires qu’il raconte passionnent. Ici, devant nous, il nous conte ses innombrables chutes, et comment il s’est relevé. On croit reconnaître, dans son parcours de star du rock et de la chanson, Johnny Hallyday. Peut-être y a-t-il du vrai dans ce qu’il relate…

la derniere idole 2Ses états corporels, l’ivresse de son art, ses addictions, ses accidents semi-mortels, sa fatigue, tout y passe. La petite heure que dure le spectacle est émaillée de fulgurances, qu’on gardera précieusement en nous à la sortie. La forme fragmentaire et déconstruite du texte, signé par les deux metteuses en scène, touche : elle donne à rêver. On s’y perd un peu, parfois. En quelques endroits, on retombe au sol. Mais le monstre qu’elles ont fabriqué nous marque par sa simplicité, et son humanité. Ce sont elles qui font que cette histoire de célébrité est mise à notre niveau. Qu’elle se change peu à peu en labyrinthe, énergique et triste à la fois, où l’on s’avance à petits pas, en espérant dénicher un tout petit bout de nous-mêmes.

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La Dernière Idole, un spectacle écrit et mis en scène par Hélène François et Émilie Vandenameele. Scénographie : Hélène François et Émilie Vandenameele. Création Son : Thomas Beau. Création Lumière : Etienne Exbrayat. Régie generale : Manu Vidal. Écriture physique : Stéphanie Chêne. Avec Pierre-Francois Garel. Un spectacle du Groupe ACM.

A voir au Festival Off d’Avignon, du 7 au 17 juillet à 22h40 à l’Artéphile. Réservations : 04 90 03 01 90. A voir, après Avignon, en 2017 : à Clamart du 18 au 22 avril (Théâtre Jean Arp) ; à Colombes le 25 avril (l’Avant-Seine) ; et à Creil (la Faïencerie ; dates à venir).

Visuels :  © beair Silencio 2016

© Manon AD. Mallet

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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