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Avec “Les Étoiles”, Simon Falguières nous embarque dans un rêve au long cours

Avec “Les Étoiles”, Simon Falguières nous embarque dans un rêve au long cours

07 January 2023 | PAR Julia Wahl

Après Le Nid de cendres, Simon Falguières nous emmène dans un nouveau conte initiatique, véritable réflexion sur le deuil et la place des poètes.

L’impossible deuil ?

Zocha, la mère d’Ezra, vient de mourir. Tout le monde, dans la maison, se prépare au dernier adieu : son époux Pierre, son frère Jean et son fils Ezra, qui a en charge l’horizon funèbre. Là, maintenant, c’est à lui de parler. Mais le poète bavard reste coi, incapable de prononcer le moindre mot. Mortifié, il se réfugie dans sa chambre et embarque pour un sommeil au long cours, vingt-cinq ans de rêves où il arpente le monde, croise des dieux imaginaires et rencontre le grand Bergman.

La langue du rêve et du réel

Avec cette forme – relativement – brève, Simon Falguières continue d’explorer un monde où le rêve est tout-puissant, où les rois et reines de contes côtoient des personnes ordinaires et où les fous ne sont pas ceux que l’on croit. Porte-parole de ce monde où l’imaginaire a droit de cité, Ezra est secondé par son oncle Jean, artiste autant qu’idiot de village, qui sait donner vie à ses visages peints.

Pour rendre compte de cet univers où le réel déborde l’imaginaire et l’imaginaire le réel, l’auteur nous fait entendre une langue rythmée et métaphorique, où affleurent les références poétiques. Rimbaud, Hölderlin… Littératures populaire et savante unissent leurs forces pour dire l’urgence de la poésie. L’art de la métalepse, enfin, abolit toutes les frontières énonciatives.

Un espace et une distribution signifiant.e.s

La scénographie fait elle-même figure de métaphore de cette intrication essentielle entre rêve et réel. Alors que le public est au début accueilli par un décor on ne peut plus réaliste, celui-ci est sans cesse rogné par un espace onirique qui finit par envahir tout le plateau. Les lumières, les draps de lit transformés en voiles de navire participent de ce brouillage.

La distribution sert également ce propos : Agnès Sourdillon, dont la voix rauque donne chair à la mère morte, accro à la cigarette, joue également le dieu fictif Kowaguntatapapo qui peuple les rêves d’Ezra enfant et adulte. Un choix de distribution qui ferait le bonheur d’un.e psychanalyste ! Les autres acteurs et actrices donnent une épaisseur bienvenue à des personnages à première vue archétypaux : Stanislas Perrin joue l’oncle simplet avec une sobriété qui évite la représentation caricaturale de l’idiot et Mathilde Charbonneaux incarne avec un plaisir évident un dieu Dionysos haut en couleur.

L’équipe

Texte et mise en scène : Simon Falguières
Avec : John Arnold – Pierre, Le roi de conte
Agnès Sourdillon – Zocha, Kowaguntatapapo
Mathilde Charbonneaux – La responsable des funérailles, Dionysos, La reine de conte, Madame Leponcois
Charlie Fabert – Ezra
Pia Lagrange – Sarah, Macha, La princesse Anne
Stanislas Perrin – L’oncle Jean, Monsieur Dieu
Simon Falguières – Ingmar Bergman
Et la participation d’Emma Lagrange
Scénographie : Emmanuel Clolus
Création Lumières : Léandre Gans
Création Sonore : Valentin Portron
Création Costumes : Lucile Charvet
Assistanat à la création costume : Léa Bordin
Création Accessoires : Alice Delarue
Assistanat à la mise en scène : Edouard Eftimakis
Réalisation film : Emmanuel Falguières
Régisseuse générale : Clémentine Bollée
Régie lumière : Léandre Gans
Régie plateau : Nicolas Gerard
Habillage : Lucile Charvet
Dispositif sonore : Celsian Langlois
Instrumentarium métallique : Igor Boyer
Administration – Diffusion : Martin Kergourlay
Chargée de production : Justyne Leguy Genest
Attachées de presse : Patricia Lopez – Carine Mangou

Au Théâtre de la Tempête

05 janvier au 06 février
Du mardi au samedi 20h, dimanche 16h
Durée du spectacle : 2h

Visuel : © Simon Gosselin

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Julia Wahl
Passionnée de cinéma et de théâtre depuis toujours, Julia Wahl est critique pour les magazines Format court et Toute la culture. Elle parcourt volontiers la France à la recherche de pépites insoupçonnées et, quand il lui reste un peu de temps, lit et écrit des romans aux personnages improbables. Photo : Marie-Pauline Mollaret

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